Paprium – Sega Mega Drive
Décembre 2020. Une déflagration frappe le monde du jeu vidéo. Après des années et des années d’attente : Paprium, le beat them up de WaterMelon Games, sort enfin du bois. Les fans de la Mega Drive sont en pleurs, les « haters » ragent dans leurs coins et les déçus du Streets Of Rage 4 de Dotemu espèrent que Paprium sera la vraie suite spirituelle de Streets Of Rage 3. Une chose est sûre, le messie semble être enfin là !
Malgré tout, après autant d’attente, la déception ne peut être que plus grande. Paprium est-il un fils spirituel des Streets Of Rage et autres Final Fight ? Est-il tout simplement un bon beat them up ? Gwenael « Fonzie » Godde (voir notre interview de Fonzie) a-t-il réussi son pari de donner à la Mega Drive un de ses derniers bijoux vidéoludiques ? On vous donne quelques éléments de réponse dans notre test !
Histoire : Paprium, la ville où il fait PAS bon vivre.
Année 8A2, quelque part entre Shanghai, Tokyo et Pyongyang, une mégapole s’élève des cendres d’une guerre nucléaire destructrice. Son nom est PAPRIUM. ULTRA-VIOLENTE, PUISSANTE, CYBER-PUNK. Au péril de votre vie, guidez Tug, Alex et Dice à travers PAPRIUM. Dans cette cité, le terme justice prend un tout autre visage alors ne cédez pas à la tentation de la BLU. Une seule règle prévaut : survivre !
Une technique irréprochable ?!
Avant de se pencher sur la partie gameplay, Paprium a été avant tout une promesse d’offrir aux joueurs le jeu Mega Drive le plus abouti techniquement. Comme on peut encore le lire sur le site de WaterMelon Games, « PAPRIUM est le plus gros jeu SEGA Mega Drive jamais créé. Et comme si cela n’était pas suffisant, la cartouche de 80 MEG PAPRIUM intègre la puce DT128M16VA1LT Datenmeister pour une expérience 16 bits ultime. Jamais un jeu 16 bits n’aura été si massif, si puissant, si rapide. Jamais le pouvoir du MEG n’aura été aussi intimidant ! ». Le défi que s’est lancé Fonzie est ambitieux.
Est-ce que le résultat est à la hauteur des annonces ? La réponse est oui.
Paprium est très beau ! Les décors sont variés et d’une assez belle finesse pour un jeu Mega Drive. Dans la cité de Paprium, vous traverserez des lieux comme des égouts, un centre commercial, un spa futuriste, une boîte de nuit, un commissariat et j’en passe et des meilleurs. Si ces lieux sont assez communs pour un beat them up, ils sont magnifiés dans Paprium. Les arrière-plans sont très travaillés et on ressent assez bien l’atmosphère de Paprium, une ville crasseuse où le danger peut régner en permanence.
Contrairement à un Street of Rage 4 assez lisse, rien que dans l’air de Paprium, on perçoit bien la patte des jeux années fin 80-début 90. En soi, c’est déjà un petit exploit. Il règne dans Paprium un petit air de Mega City-One (la ville du Judge Dredd de John Wagner et Ezquerra) ou d’un Total Recall. D’ailleurs, dans une interview que nous a accordé Fonzie, il confirme et explicite ses inspirations ainsi que la difficulté de retranscrire cette ambiance dans le jeu : « Blade Runner, Total Recall bien évidemment, Terminator I & II, Running Man, Brazil, Soylent Green, RollerBall, La planète des Singes, mais aussi Tokyo Gore Police, Tetsuo…même s’il est particulièrement difficile de retranscrire une ambiance dans un jeu Mega Drive à cause des limitations techniques et du budget limité. »
Évidemment, le parti pris artistique sera toujours sujet à discussion. La dominance de la couleur mauve/rose ne plaira pas à tout le monde. Dans l’interview, Fonzie s’explique également sur ce choix : « Comme je crois que vous faites aussi écho à l’ambiance mauve du jeu, en 2011, nous avons fait un gros travail de recherche pour identifier un univers de couleur « unique » … ironiquement, le jeu à pris tellement de temps pour sortir que le fameux rose/mauve est devenu à la mode entre temps avec la vague retro VHS ».
Malgré tout, sur le plan artistique, tout n’est pas parfait. L’imagerie érotique de Paprium n’est pas des plus fines (pénis dessinés sur des murs, des hommes-robots en bas-résilles, des femmes avec les tétons qui pointent) et pourra peut-être en choquer plus d’un. Néanmoins, il n’y a rien de vraiment offensant dans Paprium et, une nouvelle fois, cela participe à l’ambiance du jeu.
On pourrait passer des heures et des heures à parler des graphismes du jeu, du son, des astuces pour avoir des effets de transparence et de zoom sur Mega Drive, de ses décors et également de ses personnages. Cependant, ce qui marque aussi quand on joue à Paprium, ce sont les animations. Elles sont variées, fluides et impressionnantes pour un jeu Mega Drive.
Est-ce que le jeu est techniquement parfait ? Pour être tout à fait honnête, non. Lorsque le nombre d’ennemis augmente à l’écran, il y a parfois quelques clignotements. Cela casse un peu l’immersion mais ce phénomène est plutôt rare.
Paprium, à la hauteur de ses aînés ?
La technique c’est important, mais les sensations manettes en main restent tout de même la priorité quand on joue à un beat them up. Sur ce point, Paprium respecte ses aînés. Nous avons vraiment l’impression de jouer à un beat them up de notre plus tendre enfance. Le feeling est proche d’un Streets Of Rage avec une « movelist » satisfaisante, même si moins complète qu’un Streets of Rage 2 par exemple. On regrette qu’il n’y ait pas plus de combos, de possibilités d’appréhender les combats.
Néanmoins, le jeu a une petite particularité qui lui permet de se détacher quelque peu de ses inspirations. Durant les différents niveaux que vous allez arpenter, vous aurez la possibilité de ramasser la BLU, la drogue du jeu. Cette drogue permet de déclencher les attaques spéciales des personnages.
Cependant, si vous utilisez trop souvent cette drogue, la barre de vie du personnage sera grignotée par du bleu. Si, à force de prendre des coups, votre barre de vie descend dans la partie bleue, votre personnage sera plus vulnérable aux coups et ne pourra plus avoir accès à certains de ses coups. Dans les cas les plus graves, le personnage s’arrêtera de bouger à cause d’un bad trip. Par conséquent, il faudra réfléchir avant d’utiliser la BLU pour éviter de se retrouver avec une barre de vie complètement bleue face au boss final.
Malheureusement, si sur le papier l’idée est excellente. Elle l’est un peu moins en jeu, notamment dans son mode normal, car Paprium est très facile. Les ennemis, même en grand nombre, n’apportent pas une grande résistance et les boss ne sont que des formalités et peu intéressants à combattre (mis à part une ou deux exceptions). Par conséquent, il est aisé de se passer des attaques spéciales et de se contenter des coups classiques pour finir le jeu. D’ailleurs, pour avoir du défi, nous conseillons de mettre dès le début le mode Hard.
Malgré tout, Paprium est un jeu très généreux qui en met plein la vue aux joueurs. Les niveaux sont nombreux et variés. Vous allez passer d’une rue mal famée somme toute classique à un centre commercial tenu par des punks. Ensuite, il se peut que vous fassiez un tour dans les prisons de la ville, dans des égouts, dans un sauna étrange ou encore dans le quartier asiatique du coin. Et on ne vous dit pas tout pour que vous puissiez découvrir par vous-même les nombreux niveaux disséminés dans le jeu.
De plus, avec tous les embranchements que Paprium propose, vous ne verrez pas tous les niveaux en un seul run. Il faudra faire le jeu plusieurs fois pour tout voir et ainsi avoir la vraie fin. En somme, Paprium est un jeu qui se savoure aussi sur le temps long. Et ce n’est que le début. Puisque ce dont on vient de parler concerne uniquement le mode « Histoire » (jouable entièrement en co-op à deux). Il y a un mode Arcade (jouable à deux également) où vous avez la possibilité de choisir un chemin prédéterminé. Dans ces deux modes cités ci-dessus, vous pourrez débloquer d’autres modes (des mini-jeux par exemple) ainsi que des personnages cachés. La rejouabilité de Paprium est conséquente surtout pour un beat them up.
Conclusion : Paprium, une pépite « post-mortem » de la Mega Drive
Pour conclure, Paprium est une réussite.
La durée de vie est énorme, les clins d’œil à Sega et à la période 16 bits sont nombreux et le plaisir manettes en main est immédiat, comme à l’époque. Malgré tout, tout n’est pas parfait. On pourra reprocher au jeu une direction artistique parfois douteuse et un gameplay efficace mais finalement assez classique. Paprium ne réinvente pas le genre malgré des tentatives pour se démarquer de ses aînés. Cependant, ne boudons pas notre plaisir. Il est assez rare, même en 2022, d’avoir un beat them up avec un feeling aussi proche des années où seuls Sega et Nintendo régnaient en maîtres. Certains crieront à l’immobilisme, d’autres comme votre serviteur apprécieront ce « back to the future » vidéoludique.
Enfin, pour ceux qui n’ont pas pu acheter le jeu sur Mega Drive, le kickstarter de WaterMelon Games pour sortir Paprium sur les consoles next-gen (PS4/5, Xbox One/Series, Steam, Nintendo Switch) a été une franche réussite. Le jeu est prévu pour sortir sur ces consoles à la fin de l’année 2022.
Grand grand merci à Shadax pour le cadeau ! En espérant pouvoir doser le jeu ensemble dans les prochaines semaines. 😊
Notre Live sur Paprium :
Informations techniques
Éditeur et développeur : WaterMelon Games
Date de sortie : 16 décembre 2020
Nombre de joueurs : 1-2 joueurs sur Mega Drive (peut-être trois…)
Style de jeu : Beat them up
Durée de vie : 10h pour faire tous les embranchements et avoir la vraie fin
Côte au 30/01/2021 : 400-500 euros