Pourquoi les jeux indépendants s’inspirent-ils du rétrogaming ?

par Mathieu

Au début de l’aventure vidéoludique, il était difficile d’expérimenter de nouveaux genres de jeux. Jusque dans les années 90, il n’était pas rare de devoir aller chez un ami pour jouer à Mario Bros. ou Mortal Kombat. Sinon, il y avait bien les salles d’arcades, mais celles-ci revenaient chères aux joueurs passionnés. 

Loin d’avoir une profusion de jeux chaque semaine comme de nos jours, les développeurs se devaient de peaufiner leur bébé, les mises à jour étant impossible à l’époque. Le retour des jeux en pixels ou avec des moyens modestes est tonitruant, loin des Triple-A qui investissent toujours plus dans des licences répétitives avec un nouvel opus par an.

À rebours de cette course technologique, bon nombre de petits studios reviennent à l’origine du jeu vidéo et son principe premier : l’amusement.

Comment cette économie du jeu parallèle s’est-elle développée et surtout pourquoi s’inspire-t-elle du rétrogaming à l’heure du photo réalisme ? Éléments de réponse.

pac-man et ses points blancs

Pac-man est un monument du jeu vidéo, son gameplay simplissime est encore utilisé de nos jours dans des jeux indépendants.

Une course technologique qui a perdu son sens

Si l’on considère la différence objective entre Pong, l’un des premiers jeux vidéo, avec un des derniers opus sortis sur Playstation 5, on ne peut pas dire que Pong est plus amusant. C’est qu’au début de l’aventure, l’amélioration des graphismes et des performances étaient une nécessité pour pouvoir raconter une histoire, développer un univers, faire un jeu complet en somme. 

Chaque génération a donc apporté son lot d’améliorations. Chaque fois, les graphismes étaient plus fins, le réalisme accru, l’immersion plus grande. Oui, mais voilà, dans cette course effrénée, les développeurs en ont oublié l’essentiel. Ce qui fait un bon jeu, c’est avant tout son contenu. La beauté est un avantage, mais elle ne fait pas tout. 

Alors que la production de jeux se faisait de plus en plus foisonnante, la qualité a baissé proportionnellement. Cela à même été jusqu’à l’appel au boycott de la communauté des joueurs pour certains jeux. En effet, avec toujours plus de contraintes économiques liées au développement coûteux des mastodontes et la concurrence qui inonde sans cesse le marché de jeux, il est très difficile de rendre une copie passable. 

Et c’est ici qu’est réellement né l’engouement pour les jeux indépendants.

Une contrainte économique transformée en avantage

Si plusieurs énormes studios se sont mis à la production d’œuvres de types « indépendants », elles n’arrivent pas vraiment à percer dans ce pan parallèle du gaming actuel. Pourquoi ? 

Parce que, contrairement aux studios parfois amateurs qui produisent des jeux indépendants, ils ont des contraintes marketing, d’économie de temps, etc. Souvent, le manque de moyen force les développeurs à passer des années sur leurs jeux. 

Plus encore, sans pouvoir développer des graphismes dignes des derniers blockbusters, ils sont contraints de travailler l’histoire et le level-design, le gameplay et les concepts comme dans les jeux d’aventures de la plus pure tradition rétro. 

Ainsi, les joueurs qui se dirigent vers ce genre de jeux veulent avant tout vivre une expérience. Débordant d’imagination, les développeurs vont donc développer des décors peints à la main, tenter de chercher une nouvelle manière d’appréhender un jeu de plateforme ou un jeu de deck-building.

Le rétrogaming comme modèle

Cet accent mis sur un gameplay simple mais profond et une histoire qui n’a pas besoin de cinématique ronflante pour faire vibrer est un direct héritage de l’âge d’or des jeux vidéo d’arcade. 

photo de joystick sur une table d'arcade

Avec un simple joystick, on peut imaginer des centaines de façons de jouer, la technologie ne fait pas tout.

À l’époque, le gameplay, était la véritable clé de voûte de tout jeu, même difficile, et un bonus au bon moment pouvait sauver la partie. On se souvient aussi des secrets souvent amusants cachés dans les jeux. De la recherche de la meilleure fatalité à Mortal Kombat à la chasse aux meilleures armes dans Super Metroid. En favorisant l’expérience de jeu avant le spectacle esthétique et la course à la performance, le retrogaming reste collé aux principes fondamentaux du jeu vidéo.

Un héritage qui n’oublie pas le rétrogaming

Avec l’émergence de ce contre-courant du jeu vidéo qui fait de la résistance aux monstres, c’est toute la magie du rétro-gaming qui a été mise en valeur. Les plateformes d’achats de jeux en ligne regorgent de vieux jeux réédités par des studios qui ne comprenaient pas l’engouement au début du phénomène. 

Mais, la simple observation des ventes et des avis des joueurs nous prouvent que certains jeux ne vieillissent tout simplement pas. À l’image d’un grand film ou d’un grand album, un grand jeu vidéo est un chef-d’œuvre artistique. C’est donc bien comme un art que celui-ci développe des courants. 

Quand certains font la course vers le futur pour s’intéresser à la réalité virtuelle et autres jeux à l’immersion parfaite, d’autres choisissent le jeu comme principe fondamental. Et si le premier a le soutien de l’industrie tout entière, le second est poussé par une communauté active et consciente de la nécessité de préserver le rétrogaming et son descendant direct, le jeu indépendant.

Publier un commentaire

Ce blog utilise des cookies, parce que c'est vachement bon ! Si tu n'aimes pas, tu n'es pas forcé d'accepter... Miam ! Mentions légales