personnages jouables du jeu mother russia bleeds

Mother Russia Bleeds

par Mathieu

logo du jeu de combat mother russia bleeds sur PCMother Russia Bleeds – PC Steam

Parmi les genres vidéoludiques qui se sont montrés relativement plus discrets après le passage de la 2D à la 3D, les Beat’em Up (ou Beat’em All) sont en bonne place des jeux vidéo en voie disparition. Malgré des licences comme Fighting Force ou plus tard les God of War, le genre s’est d’abord appauvri avant de revenir sur le devant de la scène. Mais pour la plupart, la mélancolie du Beat’em All en 2D ne les a jamais quitté, et c’est pour cela que l’on voit de plus en plus réapparaitre le genre avec des jeux Neo Retro comme c’est le cas pour Mother Russia Bleeds.

logo du studio de jeux vidéo le cartelLe défaut de beaucoup de jeux de l’époque 2D, c’est qu’ils coûtaient aussi chers que les jeux d’aujourd’hui, sauf que leur durée de vie était ridiculement petite pour certains, ne dépassant pas la demi heure pour des jeux comme Kirby’s Dream Land. Le(s) problème(s), c’est que le prix des jeux, le réseau de l’occasion relativement restreint et surtout nos poches vides de gamins indigents ne nous donnaient guère le choix : recommencer les jeux en boucle jusqu’au prochain anniversaire / Noël. Finalement, les seuls jeux qu’on pouvait recommencer en boucle sans vraiment se lasser, c’était les beat’em all, joués seul ou à deux : Contra III, la série des Final Fight ou encore les exceptionnels Streets of Rage (et le 2e opus en particulier).

Mais voilà, le temps est passé et les beaux graphismes ont remplacé la vieillotte 2D et, comme me l’a fait remarqué un ami pas plus tard qu’il y a quelques heures en me voyant jouer à Mother Russia Bleeds : « Tu joues à quoi ? Pouah, c’est moche… Mais c’est vrai que t’aime bien ça toi ». Eh bien oui, j’aime bien ça, j’adore ça même, et je suis bien content que le très prolifique Devolver ait pris sous son aile le petit studio français Le Cartel pour proposer un nouveau Beat’em All « made in 2016 », et en 2D bien sûr !

Du bon bourre-pif à la Russkov

Alors si je ne connais personne qui cracherai sur un petit Beat’em Up (ou Beat’em All, vous commencez à me fatiguer à piailler sur les termes là), il faut avouer que si Mother Russia Bleeds s’est fait connaître avant son lancement, ce n’est pas forcément grâce à son gameplay révolutionnaire (d’ailleurs, il serait bien difficile de révolutionner le genre), mais plutôt à cause de sa violence extrême. Parce que dans Mother Russia Bleeds, les vilains délinquants qui veulent te coller une fessée ne tombent pas bêtement à terre en clignotant avant de disparaître : ils y restent en baignant dans leur sang, la tête tranchée, le visage tuméfié ou le cerveau éclaté sur le sol sur une surface avoisinant celle de la Place Rouge. Alors forcément, l’hémoglobine, ça attire toujours un peu.

Disons que vu le pitch, ça pouvait pas vraiment en être autrement. Vous êtes dans l’URSS de la guerre froide, dans ce qui semble être une réalité parallèle, parce que même si la situation ne semble pas être bien différente entre le jeu et la réalité, le gouvernement socialiste ne présente aucune tête connue. Vous jouez un (ou plusieurs) bon gitan bolchévique dont la vie se résume à taper sur d’autres gitans dans des combats sanglants et évidemment illégaux afin de gagner votre croûte (que vous aurez sûrement du mal à manger). Et non, on est pas dans une adaptation en jeu vidéo du Clash des Lopez.

niveau du laboratoire premier niveau mother russia bleeds

Le laboratoire où vous vous réveillez est un endroit agréable et raffiné.

Si aujourd’hui on retrouverai assurément ces joyeux drilles dans plusieurs zappings web, en train de tenter de rentrer chez eux sur un vélo à une roue et le sang mélangé à 50% avec du mauvais alcool de patate, ici nos amis russes se font écraser par un gouvernement corrompu et une Bratva (réelle celle-là) omniprésente. Tellement qu’un jour, vous êtes embarqués de force par une escouade composée à moitié de flics pourris (des flics quoi… j’ai rien dit, j’ai rien dit !) et d’armoires à glace à la solde de la mafia locale. Vous vous réveillez tant bien que mal plusieurs semaines après, dans une prison glauque où vous comprenez que vous et vos congénères avez servi de rats de laboratoire. Et ça, ça ne vous plaît qu’à moitié.

Forcément, vous comprenez tout de suite que ça peut pas se finir bien, et surtout pas dans la même diplomatie hypocrite qui régit nos politiques actuels. Et votre gitan russe là, il est en plus shooté à la Nekro, une espèce de saloperie qui devrait ramener pas mal de fric à la Bratva, mais qui vous donne à vous des muscles d’acier… et des drôles d’hallucinations.

La vengeance sans sang, c’est pas marrant

Alors oui, Mother Russia Bleeds ne fait pas dans la dentelle. Vous avez le choix entre 4 personnages jouables, ce qui est peu vu notre époque (faire du Néo Rétro n’empêche pas certaines largesses) mais on y retrouve le profil de chacun : deux configurations plutôt équilibrées, un grand costaud mais lent comme un char à bœufs ou une petite nana rapide mais pas forcément très adepte de la « patate de forain ». Premier bon point : la possibilité de jouer à deux. En co-op. Local. Oui monsieur, ça existe encore. Même mieux : si tous vos proches se sont enfin rendus compte que vous étiez un enfoiré de première et vous ont laissé pourrir seul entre vos 4 murs (si c’est vraiment le cas, n’écoute pas mes âneries), vous pouvez même jouer avec le CPU en co-op; pratique pour retrouver les sensations de l’arcade ou rendre le jeu un peu plus facile sans changer le niveau de difficulté pour autant.

coups au sol dans le beat em all mother russia bleeds

Au moins c’est sûr, Mother Russia Bleeds n’est pas une ode à la paix dans le monde.

Le jeu vous offre deux modes : l’histoire, composée de 8 niveaux (chacun à explorer en 3 niveaux de difficulté), ou des arènes où vous subirez des vagues d’ennemis sans fin, qui vous permettront de débloquer de nouvelles drogues pour l’histoire (ou d’autres arènes). Le jeu est somme toute assez classique, mais efficace et les arènes allongent un peu la durée de vie.

Le Cartel s’est probablement offert une belle entorse violente avec Mother Russia Bleeds grâce au Game Design bien pixellisé : des geysers petits carrés rouges, c’est moins choquant qu’une jugulaire tranchée avec aspect réaliste, forcément. Le jeu hérite tout de même d’une restriction aux + de 18 ans bien compréhensible. On reconnaît tout de même bien la patte de Devolver, à mi-chemin entre un Hotline Miami ou un Not a Hero, qui gagneront au passage tous deux des références plus qu’évidentes.

personnage bunnylord de Not a Hero dans Mother Russia Bleeds

Ce tag dans le fond, ça ne vous rappelle personne ?

Si les stats des personnages diffèrent, leurs capacités seront (quasiment) strictement identiques : coups de poings enchaînés ou chargés, coups de pieds plus violents, sauts, grab et frappe au corps, ou encore une glissade bien pratique pour se sortir du merdier, surtout si couplée à un coup. L’ensemble des combinaisons ne sera pas compliqué à assimiler, et vous prendrez rapidement votre gladiateur russe en main. Et ne comprenez pas ce que je n’ai pas dit.

Vous passez donc de niveau en niveau avec des vagues d’ennemis, pas forcément de plus en plus forts, que vous devez tous éliminez jusqu’au KO ultime (et incontestable si vous lui ouvrez le crâne en deux). Pour vous aider, vous avez à votre disposition une seringue de Nekro, la saloperie de drogue que la Bratva a testé sur vous vous permettra soit de regagner de l’énergie, soit de vous transformer en surhomme pour quelques secondes, bien pratique lorsque le nombre des Russes vénères qui courent après votre petit cul de manouche se fait trop imposant. Pour en récupérer, une seule solution : certains ennemis que vous avez séché pas trop méchamment tombent au sol et convulsent en attendant leur mort proche; à vous d’en profiter pour aspirer sur son cadavre tremblant la Nekro qui coule directement dans ses veines. Pas joyeux, la bicrave en URSS.

Comment passer des camps de la mort au Kremlin en seulement 8 étapes

Sans divulgâcher (j’adore la traduction québécoise de « spoiler »…) quoi que ce soit, vous vous doutez que votre périple va vous mener jusqu’au sommet de la mafia russe. Bien qu’on apprécie que l’ensemble soit structuré avec une histoire qui tient la route (Streets of Rage n’avait par exemple ni queue ni tête dans son enchaînement de niveaux…), on trouvera tout de même que le jeu est un peu court pour un scénario viable; en réalité, le monde de la drogue, de la pauvreté extrême, des gitans et surtout de l’URSS des années 60 sont quelque peu des passe-droits pour l’excès de violence que nous présente Mother Russia Bleeds.

scène sado maso dans le niveau du club dans le jeu mother russia bleeds

Il est bizarre, ce chien…

On a également apprécié les thématiques très variées des niveaux, permettant d’envisager des situations diverses : un labo, une prison, la rue ou même un club aux sprites d’arrière-plan un peu gênants parfois… Le bestiaire est lui aussi relativement varié, avec le traditionnel système de couleur des fringues et de la pilosité qui indique certains ennemis plus forts que leurs comparses. Si quelques ennemis seront très forts au corps-à-corps et demanderont concentration et justesse pour être mis au tapis, d’autres ennemis ne se gêneront pas pour vous envoyer une salve de gros sel à distance, qui sera assurément plus douloureux qu’une simple droite d’un contrôleur de train…

Bien sûr, l’ensemble des armes tenues par vos agresseurs seront récupérables, sans oublier les objets aléatoires pouvant se présenter sur votre chemins. Gageons bien sûr que la tâche est plus facile et rapide au canon scié qu’au coup-de-boule, mais le jeu offre rarement des cadeaux gratuits, et si on vous a mis un katana affûté sur ce chemin, c’est très probablement que vous allez en avoir besoin…

Je tiens à souligner tout particulièrement la difficulté des boss de fin de niveau qui, loin d’être insurmontables, disposent tous d’un talon d’Achille qu’il vous faudra trouver si vous ne voulez pas ravaler vos dents toutes les 2 minutes… On sera d’ailleurs un peu déçu que le jeu vous ramène seulement à un ou deux tableaux avant en cas d’échec, d’autant plus que vous avez Open Bar au niveau des vies. Cela vaut bien la punition de se retaper au moins la moitié du niveau, non ?

Mother Russia Bleeds, et sans pansements ?

Si on avoue (enfin, surtout moi…) être devenus à la longue de grands fans de ce que publie Devolver Digital, qui semble marquer de son nom l’excellence dans le Neo-Retrogaming, si on reconnaît que l’idée de se replonger dans le beat’em all sonore et dégueulasse ne nous déplaisait pas du tout, on a tout de même eu peur que Mother Russia Bleeds cache ses défauts derrière une violence à outrance et ne se destine ainsi qu’aux gamers avides d’hémoglobines en Jéroboam. Mais non.

eggman Docteur Robotnik de Sonic dans Mother Russia Bleeds

Alors, on a arrêté de chasser le hérisson bleu et on se reconverti à la chasse au gitan ?

Si Devolver tend un petit peu à se limiter au jeu pour adulte ou grand ado par l’utilisation de la violence, il sait tout de même choisir ses collaborateurs et les projets sur lesquels plancher ensemble. Dans cette ligne éditoriale, Mother Russia Bleeds ne déroge pas à la règle avec de la nouveauté mais également de la nostalgie, et beaucoup de fun : l’humour et les références à la Pop Culture y sont omniprésentes. Moi qui ne suis plus qu’un papy gamer d’une trentaine d’années, trop occupé par le quotidien pour m’offrir le temps de jeu hebdomadaire que je souhaiterai, j’ai dévoré en 2 soirées les 4-5 heures nécessaires pour finir l’histoire en mode Normal, plus quelques heures sur les arènes; et je compte bien recommencer en Co-op, puisqu’on nous en laisse la possibilité !

Si on doit faire quelques reproches à Mother Russia Bleeds, c’est évidemment, comme ses prédécesseurs, une durée de vie un peu limitée. Il est évidemment possible de s’user les doigts dans les arènes ou de recommencer les 8 niveaux en Difficile, mais l’intérêt est limité, surtout dans une époque où les soldes Steam nous jettent à la gueule de véritables merveilles à des prix dérisoires, que même des p’tits gars de moins de 10 ans peuvent se payer. À ce titre, avec un prix de lancement de 14,99€, on trouvera que le jeu du Cartel est un peu cher; on est évidemment loin des 400 à 500 Francs d’un jeu en 1994, mais compte tenu de la situation et de l’offre très dense du marché du jeu vidéo actuel, je dirais que c’est peut-être un peu trop onéreux.

D’autres petits défauts inhérents aux Beat’em Up en 2D se retrouvent évidemment dans Mother Russia Bleeds, notamment ce puta*n d’écran fixe lorsqu’on atteint une nouvelle vague d’ennemis, et qui vous bloque tant que vous n’avez pas rossé correctement tout-à-chacun. Loin de dire que c’est un problème relativement à la difficulté, c’est surtout que lorsque vous envoyez valser un ennemi hors de l’écran avec un bon Home Run à la batte de Base Ball, vous serez obligé d’attendre qu’il revienne dans l’écran pour la lui recoller dans les dents… Et en attendant, vous vous faites un peu iech’.

On a également pas mal ri aux ridicules et hypocrites dernières minutes, où le héros se « bat » (au premier comme au second degrés) contre la drogue, et jure vouloir « être » plus fort qu’elle… On n’est pas dans un soap américain là les gars ! On imagine mal un gitan soviétique, les vêtements en lambeau et le corps recouvert de tatouages pour cacher les cicatrices, qui vit grâce à ses poings dans un camp de fortune, se faire des réflexions moralisantes sur la prise de drogue. Surtout après le bain de sang sans pareil que vous venez de répandre derrière vous…

Merci au studio Le Cartel et à Devolver pour la version presse de Mother Russia Bleeds.

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Informations techniques

Développeur : Le Cartel
Éditeur : Devolver Digital
Date de sortie : 5 septembre 2016
Nombre de joueurs : 1 / 2 joueur(s)
Style de jeu : Beat’em Up

Durée de vie : Entre 4 et 5h en mode Histoire
Prix au 15/09/2016 : 14,99€ sur Steam

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1 commentaire

Loïc 7 octobre 2016 - 15h29

Un Beat’em Up bien sanglant et plutôt marrant, la « durée de vie » de ce genre de jeux dépend souvent du mode coop car l’aventure en elle même est généralement assez courte. J’avais découvert le jeu il y a quelques semaines sur la chaîne Youtube Bazar du Grenier et depuis il me tente mais j’hésite pas mal avec Viking Squad qui vient aussi de sortir sur steam, dans un style nettement plus coloré.

Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de l’essayer, si oui je veux bien ton avis / comparatif ^^

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