Stay – Steam/Xbox One/PS4/Mobiles
Stay est le prototype du jeu que l’on peut aimer chez Retro-Games.fr. L’histoire de cet homme kidnappé et enfermé dans une maison est intrigante. Le concept est simple mais efficace. A travers un ordinateur, vous dialoguez avec cet homme pour tenter de l’aider à s’enfuir de cet enfer. Pourquoi est-il enfermé ? Pourquoi êtes-vous le seul à pouvoir converser avec lui ? Tant de mystères qui appâtent facilement le premier fan de thrillers psychologiques ou de films d’horreurs.
Vous rajoutez à cela du pixel art et vous avez une expérience qui semble enrichissante notamment sur le plan narratif. Pourtant, le jeu narratif/aventure du studio espagnol Appnormals Team, ne parvient jamais réellement à convaincre. Allongez-vous sur le divan, Retro-Games.fr dresse le portrait vidéoludique de Stay.
Seul dans le noir, les yeux… sur l’écran
Votre unique lien avec Quinn : cet énigmatique PC dans une pièce vide
Quinn est un homme déprimé, seul chez lui. Pour des raisons que l’on ignore encore, il peine à trouver le sommeil. Alors qu’il parvient enfin à s’endormir, un homme cagoulé le kidnappe. Quelques temps plus tard, Quinn se réveille dans une pièce plongée dans l’obscurité. Sa seule compagnie est un ordinateur allumé avec lequel il peut dialoguer avec une seule personne, vous.
C’est comme cela que démarre Stay. Vous n’avez pas le temps de respirer, vous êtes déjà dans le feu de l’action. Tout comme le personnage principal, vous vous sentez oppressé par les ténèbres et l’humidité de la pièce dans laquelle Quinn se trouve. Des petits bruits se font entendre de temps en temps vous rappelant que vous n’être peut-être pas seul. Dès le départ, Stay pose une ambiance stressante à souhait. Le sound design est remarquable pour un jeu indé. D’ailleurs, avant le lancement de la partie, un message d’informations préconise aux joueurs de jouer dans l’obscurité la plus totale avec un casque. Enfin, la musique de Kai Engel participe grandement à l’ambiance angoissante du titre même si, au fil du jeu, elle se révèle bien trop présente.
Évidemment, le but de Quinn n’est pas de se mettre dans le coin de la pièce en position latérale de sécurité et d’attendre que quelqu’un vienne l’aider. Il veut sortir de cet enfer et pour cela il a besoin de vous.
Finalement, les choix de dialogues avec Quinn resteront assez limités
Stay repose en grande partie sur une mécanique de choix qui décideront des gestes à accomplir de Quinn. Vous préférez fouiller la pièce avant d’aller voir si la porte au fond est ouverte, dites-le via le tchat à Quinn qui décidera ou non de le faire. Le jeu porte également sur les liens que vous tisserez avec le protagoniste. Si certaines réponses lui plaisent, il aura plus envie de suivre vos conseils et se montrera beaucoup plus sympathique lors de vos échanges. Malheureusement, ces mécaniques de choix et de liens émotionnels montrent rapidement leurs limites. La multiplicité des choix possibles revendiqués par les développeurs est très limitée. C’est très binaire. Souvent, le joueur n’aura le choix qu’entre deux réponses possibles. Une réponse plaira à Quinn, l’autre provoquera en lui l’envie de vous faire la tête. En ce qui concerne les choix scénaristiques, elles ont finalement peu d’incidences sur l’histoire en elle-même. Une réponse sera la bonne, l’autre vous conduira régulièrement à la mort. Nous sommes loin des nombreux chemins scénaristiques possibles d’un Detroit : Become Human même si Stay ne joue évidemment pas dans la même cour, financièrement parlant.
« This is the rhytm of the night, oh no ! »
Afin d’obtenir la confiance de Quinn, vous devrez maintenir un lien affectif constant
Les deux mécaniques plombent le rythme du jeu. Entre deux choix, les dialogues sont nombreux. De plus, pour rendre l’échange plus réel, Quinn mettra du temps à écrire ses réponses ou à corriger certains mots mal orthographiés. Si cela participe d’une certaine manière à la crédibilité de « l’univers », les textes s’affichent bien trop lentement et ne peuvent être passés rapidement. Un véritable calvaire pour les plus impatients. Pire même, cette lenteur nuit à la viscéralité du titre puisque le jeu s’avère être rapidement un livre de psychologie pour les nuls.
En effet, le joueur comprend rapidement qu’il ne fait pas face à un jeu pixel art d’horreur mais plutôt à un voyage psychologique de Quinn dans les méandres de son surmoi. Dès que cette orientation scénaristique est dévoilée, la tension s’envole et l’intérêt de connaître la fin de mot de l’histoire s’en révèle amoindrie. En outre, si la traduction est bonne, cela n’empêche pas certains passages de frôler le ridicule avec des dialogues du type « Les gens disent souvent que le bonheur réside dans l’ignorance ». Cependant, Appnormals Team a eu la bonne idée de glisser quelques traits d’humour dans les textes pour éviter le grotesque de son sérieux.
Certaines énigmes, bien qu’intéressantes, sont résolument tirées par les cheveux
Pour tenter de briser la monotonie du récit, Stay propose différentes énigmes à passer pour continuer l’aventure sous formes, généralement, de puzzles. Si dans un premier temps, les énigmes s’avèrent très faciles (recoller les morceaux d’une assiette brisée, allumer la lumière en reconnectant deux fils), elles mettront à mal progressivement les méninges des joueurs. Le problème est que la difficulté ne provient pas forcément d’un rébus trop corsé mais surtout du manque de logique ou d’indices de certaines énigmes. Certains joueurs se sont retrouvés bloqués face au casse-tête du mur ou le labyrinthe des miroirs. Cela aura au moins l’avantage de rallonger la durée de vie du jeu très courte (environ cinq heures) qui s’étend tout de même sur une vingtaine de chapitres. Dans certains cas, on notera également que la jouabilité à la manette n’est pas parfaite pour résoudre certaines énigmes.
En conclusion, Stay possède un bon concept sur le papier. L’idée de créer un lien entre Quinn et le joueur à travers une discussion en ligne aurait dû permettre au joueur de se sentir presque viscéralement aux côtés de cet homme coincé dans une maison inconnue. Dans les faits, la lenteur du jeu, les énigmes mal pensées, le personnage parfois antipathique et des mécaniques peu poussées poussent le joueur à vouloir en finir rapidement avec son propre calvaire.
Si le jeu possède plusieurs fins, on réfléchira à deux fois avant de vouloir relancer Stay tant la première expérience peut s’avérer pénible. Ce vol au-dessus d’un nid de coucou n’en vaut pas forcément la chandelle.
Merci à Appnormals Team et PQube Limited pour la version presse.
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Informations techniques
Développeur : AppNormals Team
Éditeur : PQube Limited
Date de sortie : 16 Mai 2018
Nombre de joueurs : 1 joueur
Style de jeu : Puzzle-Game / Horreur
Durée de vie : Environ 5 h
Cote au 25/09/2018 : Environ 11,99€ sur Steam
