King’s Field – Playstation
From Software est aujourd’hui un studio de développement consacré, notamment avec son dernier succès planétaire, Elden Ring. Pourtant, au début de l’histoire de From Software, rien ne laissait présager que le studio japonais marquerait l’histoire du jeu vidéo.
Au début des années 1990, From Software est une entreprise qui développe des logiciels administratifs. Suite à un coup de mou économique, Naotoshi Zin, fondateur et alors président de From Software, décide que pour la pérennité de l’entreprise, il serait préférable de faire une transition vers le jeu vidéo vu alors comme le prochain El Dorado.
Pour achever cette transition, From Software choisit de sortir leur premier jeu pour le lancement de la Playstation. Ce jeu sera King’s Field, un dungeon crawler en 3D. Un titre qui est et restera l’héritage du From Sotfware que l’on connaît aujourd’hui.
Scénario : Avidité, pouvoir et dragon
L’histoire de King’s Field prend place dans le royaume de Verdite. Dans des temps anciens, une guerre eut lieu à Verdite et l’immense et profonde forêt qui l’entoure. Beaucoup de personnes moururent et de nombreuses destructions eurent lieu.
Un jour, un héros apparut et sauva Verdite. Etait-ce un monstre ou un personnage féerique ? Nul ne le sait. Le héros disparut dans la brume de la forêt de Verdite.
Aussitôt, les habitants de Verdite appelèrent le héros : « Le Dragon de la Forêt ». Un sanctuaire fut construit en son honneur dans cette même forêt. Au fil des années, seule la légende survécut et le sanctuaire devint le cimetière de la famille royale de Verdite. Tout était revenu à la normale.
La légende dit : « Un jour, le Dragon de la Forêt reviendra, apportant avec lui de puissants artefacts magiques »
Bien des siècles plus tard, le Roi de Verdite, rongé par l’avidité et la soif de pouvoir, décide de chercher ces artefacts magiques dans ce sanctuaire devenu le cimetière de la famille royale. Régulièrement, il envoie des soldats chercher, fouiller dans les profondeurs du sanctuaire. Les soldats ne reviennent jamais. Des monstres apparaissent et attaquent les soldats.
Le Roi ordonne alors au Commandant Hauser et à ses hommes de reprendre le contrôle du cimetière royale. Ils sont tous, ou presque, massacrés.
Désespéré, le Roi propage à travers le royaume l’information qu’il offrira d’immenses récompenses à celui ou celle qui exterminera les monstres.
John Alfred Forrester, fils aîné du Commandant Hauser, décide de partir à la recherche de son père. Il s’enfonce alors dans les profondeurs du cimetière royal…
Une ambiance exceptionnelle
Dès les premières minutes dans cette aventure, ce qui frappe le plus est l’atmosphère de ce premier King’s Field. Si la solitude devait être symbolisée par un jeu vidéo, ce King’s Field serait probablement ce symbole.
Le lieu et ses innombrables couloirs qui paraissent sans fin, sont vides de formes de vies humaines. La palette de couleurs du jeu commence et s’arrête au gris. On ressent vite une ambiance pesante et un sentiment de danger permanent au détour d’un nouveau couloir. On se sent seul, très seul dans ce King’s Field (et dans les épisodes suivants de la série d’ailleurs).
Cette sensation pesante est accentuée par une musique atmosphérique stressante et unique pour chaque étage (il y a cinq étages dans le jeu et presque autant de compositions). Cette dernière est composée par Koji Endo et Kaoru Kono.
À l’écoute de la musique du premier étage, vous aurez compris que nous ne sommes pas dans un jeu vidéo où l’on va beaucoup rire.
Néanmoins, si la musique fait son travail en renforçant l’ambiance glaçante de King’s Field, elle se révèle vite répétitive puisqu’il vous arrivera de rester une heure ou deux dans le même étage avec la même boucle musicale.
Cinq étages, des dizaines de mystères
L’ambiance de King’s Field ne porte pas uniquement sur l’angoisse, la peur ou le danger. Elle joue également sur les mystères des lieux. À l’instar des Dark Souls ou encore du récent Elden Ring, on a envie d’explorer chaque recoin obscur pour avoir peut-être une explication sur la déliquescence des lieux. Parfois, il arrive même de trouver, au fin fond d’un dédale de couloirs, un marchand, un chevalier tournant en rond, qui vous donne quelques détails sur les lieux. Ces moments sont comme des récompenses puisqu’on a souvent la sensation de toucher à un des secrets du jeu.
Évidemment, c’est rarement le cas mais il vous arrivera de trouver des passages secrets, et d’ouvrir ces fameuses portes avec une tête de dragon. Parfois, vous respirerez un peu en découvrant une fontaine qui vous permettra de recouvrir votre santé. Enfin bref, il y a un réel plaisir à l’exploration dans King’s Field.
Si l’ambiance du jeu est en grande partie due à ses graphismes épurés – pour ne pas dire pauvres techniquement – sa musique et son manque de vie, le gameplay atypique de King’s Field participe également à cette sensation de solitude, de faiblesse face aux dangers.
Un gameplay difficile à prendre en main
Comme nous le disions en introduction, King’s Field est un dungeon crawler en 3D en vue FPS. La 3D étant nouvelle pour l’époque et encore plus pour les équipes de développement de From Software, il a fallu aux développeurs penser les déplacements, les attaques physiques et magiques. Le moins que l’on puisse dire est qu’il vous faudra du temps pour appréhender le mapping des touches surtout pour un joueur qui n’a jamais connu les débuts de la 3D.
En somme, les touches L1-R1 permettent les déplacements latéraux du personnage vers la gauche ou la droite. Les touches L2-R2 donnent la possibilité de lever ou baisser la tête de la personne. Ensuite, les croix directionnelles gauche-droite font tourner le personnage sur place vers la gauche ou la droite. Les croix directionnelles haut-bas font avancer ou reculer le personnage. Enfin, la touche triangle sert à donner un coup physique avec l’arme que vous avez équipé. La touche carrée lance les sorts. Pfiou ! Autant vous dire que les premiers combats demanderont de la part du joueur un petit moment d’adaptation surtout que les mouvements sont lents et que vous n’avez pas la possibilité de courir.
Dans un premier temps, cette lourdeur dans les actions vous donnera un grand sentiment de fragilité face aux différents ennemis que vous rencontrerez. Mais, après la phase d’adaptation passée, les combats deviennent presque enivrants tant ils deviendront de véritables chorégraphies entre vous et les monstres surpuissants de King’s Field.
Selon les ennemis en face, il faudra changer sa manière d’attaquer. Les squelettes devront être attaqués en essayant de les contourner par derrière. Les serpents géants peuvent être attaqués de face mais il faudra donner un coup puis reculer pour éviter la contre-attaque du monstre. Ces combats sont, au final, un peu stratégique.
Un jeu From Sotfware trop simple, ça existe ??
Malheureusement, il faut mettre un bémol au côté stratégique de King’s Field car s’il est vrai qu’il faut aborder chaque ennemi de manière différente, ils sont tellement peu nombreux qu’on rentre au bout de quelques heures dans une routine au niveau des combats. Sans compter le boss final, ils sont au nombre de sept-huit dont cinq que l’on combat dès le premier étage. Un squelette ? On contourne. Une plante carnivore ? Un coup et on recule.
Là où King’s Field est vraiment intéressant est qu’il prend en compte votre manière de jouer pour la montée de vos statistiques. La montée en niveau est classique. Plus vous vainquez des ennemis, plus votre niveau augmente.
Néanmoins, si vous utilisez plus la magie, vos statistiques de magie augmenteront plus que vos statistiques liées aux attaques physiques. De plus, les armes utilisées changeront la montée de vos statistiques. Par exemple, une certaine arme bien connue des fans de Dark Souls – qu’on retrouve tardivement dans le jeu – utilise la magie et le physique pour blesser l’ennemi. Elle augmentera alors les stats magies et physiques en même temps. Par conséquent, votre premier run pourra être un peu différent du second.
Conclusion: King’s Field, le jeu qui divise
Pour son premier jeu, From Software ne laisse pas indifférent. Comme le disait Blondin dans « Le Bon, La Brute et le Truand », le monde se divise en deux catégories : ceux qui vont détester King’s Field pour sa lenteur, son gameplay rigide ainsi que son manque d’indications sur la marche à suivre pour voir la fin de l’aventure. A contrario, il y aura ceux qui vont adorer King’s Field pour son atmosphère pesante, cette sensation d’être perdu dans un monde inconnu et dangereux. Comme toujours, la vérité est probablement entre ces deux avis.
Pour notre part, nous faisons plutôt partie de la catégorie qui adore ce premier essai dans le monde du jeu vidéo de From Software surtout que de tous les jeux de la série, ce premier King’s Field est le plus abordable de par sa linéarité. Tout n’est pas parfait mais l’expérience est marquante.
Informations techniques
Développeur et éditeur : From Software
Date de sortie : 16 décembre 1994, uniquement au Japon (une traduction anglaise existe)
Nombre de joueurs : 1
Style de jeu : Dungeon Crawler
Durée de vie : 8-10h
Côte au 16/04/2023 : 30 – 50 euros en complet
2 commentaires
Hello je suis tellement féru de ce jeu que j’ ai été acheté les « suites » au Japon. Merci pour ce souvenir
Merci pour votre commentaire ! 🙂
Je n’ai pas fait les trois autres depuis longtemps mais dans mes souvenirs, ils se déroulaient bien tous dans le royaume de Verdite. Par contre, ce n’est plus le même personnage qu’on incarne.
Enfin bref, j’en ferais des tests pour les trois autres « prochainement ».