Donkey Kong Country – Super Nintendo / Donkey Kong Country Returns – Wii
En sortant en 1994, le Donkey Kong Country de Rare avait eut l’effet d’une bombe : des graphismes innovants, un gameplay accrocheur et un univers singulier. Forts de ce succès, Nintendo avait édité d’autres jeux basés sur le primate cravaté. Jusqu’à 2010, où sa succursale Retro Studio développe un opus qui revient aux sources, avec un gameplay uniquement en 2D. Un bon moyen de revisiter la valeur du jeu original ?
Génèse du grand singe à la cravate rouge
Quand on parle des ambassadeurs de la firme nippone Nintendo, le plombier moustachu arrive en première ligne. Mais il est suivi de près par d’autres figures incontournables, tels que Link (Zelda), Samus Aran (Metroid), ou encore Donkey Kong, grand gorille souriant apparu en 1994 sur la Super Nintendo.
Oui, certains me diront que Donkey Kong est bien antérieur, lorsque il s’amusait à lancer des tonneaux à un Mario encore prénommé Jumpman. Mais peut-on définir cette époque comme la vraie naissance de Donkey Kong comme personnage à part entière ? Beaucoup, et j’en suis, considèrent que c’est bel et bien Rareware qui a donné naissance au personnage actuel de Donkey avec le jeu sorti sur Super Nes, et qui fit du développeur un des studios interactifs les plus en vue de la fin des années 1990’s, avec d’autres softs comme Killer Instinct, Golden Eye 007 ou Banjo et Kazooie.
Encensé par la critique, adulé par le public avec plus de 9 millions de cartouches vendues, le jeu de Rare devient vite une référence du monde vidéoludique. Effet normal, puisque le jeu offre de graphismes tout à fait novateurs avec un rendu « 3D », mais aussi de superbes musiques, un gameplay varié et plaisant, un univers unique…
Fort de ce succès, Nintendo va continuer à exploiter sa licence, avec d’autres épisodes sur Super Nintendo, puis sur Nintendo 64. D’autres jeux dérivés naitront également sur les consoles de Nintendo, mais l’aspect plate-forme brute disparaît. Jusqu’en 2010, lorsque le studio de développement Retro Studios (qui porte bien son nom), appartenant à Nintendo, amène un Donkey Kong Country Returns sur Wii, proposant un retour du gorille à la plate-forme 2D pure et dure. Simple opération marketing, remake basique du premier opus ou vrai nouvel épisode surfant sur la vague RetroGaming?
C’est en tous cas une excellente occasion de faire un retro-test du celèbre jeu de Rare, et de redéfinir sa valeur face à un épisode sur console Next Gen, qui part avec l’avantage des nouvelles technologies, plus de 15 années après.
Animations et immersion
Donkey Kong Country : Il serait un peu illogique, voir carrément idiot, de parler ici de graphismes. Il est évident que la Wii offre un bien meilleur moteur permettant d’atteindre des textures bien plus fluides et précises. Parlons ici plutôt d’animations et d’immersion dans le jeu.
DKC a ferré ses premiers fanatiques grâce à une définition graphique révolutionnaire, qui mêlait gestion des ombres, des reflets et des couleurs permettant un rendu « 3D », alors que le jeu n’était évidemment que strictement basé sur la 2D. Une technique qui sera reprise sur Killer Instinct par exemple, et qui fera la bonne réputation de Rare.
Mais les graphismes ne font pas tout : le jeu se rend encore plus immersif grâce à un éventail d’ennemis large et varié, comme d’alliés. Si Donkey Kong est épaulé dans l’aventure grâce à son petit pote chimpanzé, Diddy, il pourra compter sur l’appui de tous ses proches : Funky pour retourner dans des mondes déjà terminés (utile pour le « Go-go-up! » si vous êtes en rade de vies), Candy pour sauvegarder, ou Cranky pour… vous sermonner. Les ennemis sont également nombreux, entre les Kremlings, sous-fifres de l’affreux K-Rool qui a volé les bananes des singes, mais également d’autres bestioles : serpents, vautours, guêpes…
Enfin, soulignons la présence d’une bande son exceptionnelle, qui participe sans nul doute à l’immersion dans le jeu. L’histoire, elle est un point futile et n’apportant que peu au soft.
Donkey Kong Country Returns : Il est difficile pour DKCR de faire mieux que la révolution graphique qu’a amené DKC au jeu vidéo. Les graphismes sont beaux, mais il ne faut pas oublier que la Wii comporte tout de même beaucoup de retard graphique face à ses concurrents Playstation et Xbox. Difficile alors d’envisager de secouer le public de ce côté. Pourtant, grâce à d’habiles animations, Retro Studios va offrir un soft particulièrement immersif.
L’univers est avant tout très particulier. Chaque monde suit un thème bien précis, qui va définir les graphismes du niveau, ses ennemis, ses plates-formes et ses animations de second plan. Et les mondes sont plus nombreux que pour DKC ! Jungle, montagne, usine… les thèmes sont aussi nombreux que variés, et chaque changement de monde sera un véritable dépaysement.
D’ailleurs, le level design des mondes est tout simplement plus riche que les PDG du CAC40 : les détails et les couleurs pleuvent, et on se demande parfois quels esprits supérieurs ont pu trouver de telles idées pour égayer chaque niveau. Jouer avec les totems pour découvrir des items ou des séquences bonus cachées, être emporté dans un festival de tonneaux-canons… Bref, on se régale de découvrir le dynamisme de chaque niveau, et on se hâte de savoir ce qui va suivre.
Gageons également qu’ici l’histoire est vraiment secondaire, très apparentée à celle de DKC avec une sombre histoire de vol de bananes. Les musiques sont également bonnes, mais n’arrivent pas au niveau de celles de DKC, bien qu’on s’amuse à entendre certaines mélodies de celui-ci remixées.
En bref, même si DKCR part avec le désavantage de ne pas proposer la révolution graphique de son prédécesseur, il propose tout de même un univers extrêmement riche, voir plus que DKC. Un bon point pour Nintendo dans sa tentative « retour au retro ».
Gameplay et jouabilité
DKC : Lors de sa sortie, Donkey Kong Country n’a rien apporté de transcendantal au jeu vidéo de plate-forme : à travers plusieurs mondes de plusieurs niveaux, le grand singe doit zig-zaguer entre les dangers, éliminer les ennemis et franchir les précipices. Oui mais voilà, c’est bien, voir très bien fait.
A travers des niveaux qui suivent la thématique du monde en cours (jungle, forêt, montagne…), les deux singes Donkey et Diddy s’entre-aident pour avancer. Les deux singes représenteront votre « jauge » de santé, puisque chacun des primates sera éliminé dès que vous êtes touché; l’autre pourra néanmoins continuer. Vous ne perdez une vie que lorsque les deux singes sont éliminés, ou que vous tombez dans une fosse, un singe entraînant l’autre dans la mort. Heureusement, des caisses sont là tout au long du niveau pour vous permettre de « ramener » un singe perdu à la vie.
Mais Donkey et Diddy ne sont pas seulement votre indicateur de santé : chacun possède des capacités différentes. Si Donkey est fort, Diddy est plus rapide. Certains préfèreront Diddy pour son agilité, mais le petit chimpanzé se heurtera sans effet aux Kremlings costauds, là où Donkey les éliminera à coup sûr ! Il est donc important de posséder les deux singes pour passer toutes les situations.
Les deux singes possèdent néanmoins les mêmes capacités : courir, sauter, effectuer une roulade pour éliminer les ennemis ou effectuer un saut plus grand, mais aussi grimper aux lianes, nager dans les mondes aquatiques ou chevaucher un animal qui vous facilitera, à coup sûr, la vie.
Bien sûr, Rare n’a pas bâclé la maniabilité : si on sait utiliser son personnage, on pourra lui faire faire ce que l’on veut, les textures et les hitbox sont parfaitement définis et on retrouve les mêmes sensations de vitesse et d’agilité qu’un Crash Bandicoot par exemple.
Enfin, le soft offre quelques niveaux « spéciaux » venant rompre la monotonie, finalement inexistante, des niveaux de plate-forme. On retrouvera donc Donkey et Diddy dans des niveaux aquatiques bien réalisés et moins énervants que dans un Donald in Maui Mallard, mais également d’infernales sessions dans un chariot qui pourront vous rendre fous, des séquences de tonneaux-canons nécessitant de la concentration… et quelques boss, qui eux ne vous ennuieront pas longtemps.
Bien sûr, DKC vous permettra également de profiter de l’aventure à deux, avec deux modes intéressants : en « contest », où vous évoluerez tour à tour avec votre propre duo de singes, le but étant d’être le premier à finir le jeu. L’autre mode est coopératif, et chaque personnage aidera son collègue en contrôlant un des deux singes. Du moins chacun son tour, puisque un singe guide forcément l’autre. Et si un tombe, l’autre tombe avec. De quoi lancer de déclencher de vraies prises de tête entre potes… le temps de le gratifier d’un « Mais bon Dieu, que tu es nul !«
Au final, on en redemande. Le soft est simple, mais tellement bien imbriqué qu’on a l’impression de jouer à autre chose, quelque chose de mieux, de plus évolué, de plus haut. Quelque chose qui fait que certains jeux retro-gaming pourraient aisément piétiner des bouses Next-Gen. Et ça, c’est pas rien.
DKCR : Difficile donc de partir envahir une terre que l’ont sait déjà colonisée, légitime et vaillamment défendue ! Donkey Kong Courntry Returns se propose de poursuivre l’excellent, là où certains ne se limiteraient qu’à rénover le projet en offrant une version HD d’un jeu rétro. Donkey Kong Country réussit là où d’autres se sont cassé les dents : offrir un superbe jeu en restant dans le simple et l’efficace. Un sacré défi pour l’équipe de Retro Studios.
Mais le studio de développement de Nintendo n’a pas bâclé la tâche, et a su faire les bons choix : pas de simple remake 256bits du jeu, et pas non plus une simple suite, qui a d’ailleurs été fait avec un DKC 2 et 3, plus méconnus et moins appréciés. Retro Studio a offert un jeu dans l’inspiration de DKC, et qui cherche à maintenir les acquis, tout en le dynamisant.
On retrouve donc dans cet opus nos deux singes, Donkey et Diddy, qui ont été dotés que quelques capacités en plus : frapper violemment le sol pour retourner des ennemis ou faire jaillir des bonus, souffler, mais aussi grimper aux surfaces herborisées, capacité qui offre une plus grande dimension à la plate-forme.
Diddy est certainement le plus chanceux : après avoir probablement trop consommé de films de John Woo, il s’est doté de deux pistolets lanceurs de cacahuètes et d’un jet-pack, qui vous sauvera dans biens des cas. Le petit singe peut donc tirer de temps à autres sur quelques ennemis, mais surtout planer quelques instants, qui lui donnera un avantage certains par rapport à son ami gorille.
Du moins dans le mode duo, car l’aventure en solo vous fera contrôler les deux singes en même temps : Diddy sur le dos de Donkey vous permettra de jouir des avantages du chimpanzé sans perdre la puissance de son grand ami. Attention néanmoins : ici, chaque perte d’un singe vous coûtera une vie, et donc si vous chutez à deux, c’est deux vies en moins !
Certains trouveront d’ailleurs le mode duo plus facile, puisque ici, à la différence de DKC, chaque singe est contrôlable séparément; un tombe, l’autre continue l’aventure. Mais par contre, attention à la réserve de vies qui risque de fondre comme neige au soleil… Heureusement, grâce à un système de cœurs, les singes sont autorisés à se faire toucher 2 fois. Mais pas plus hein, faut pas pousser Mémé dans les orties.
L’aventure proposera également quelques phases originales de gameplay : le retour du chariot, tout aussi infernal, mais aussi un mode en tonneau-fusée, difficilement contrôlable… mais c’est ça qui est bon !
On notera la disparition des niveaux aquatiques, mais également la disparition étonnante de nos amis animaux (probablement à cause de la circulation ou de la grippe aviaire) : seul Rambi le rhinocéros fait encore son apparition dans quelques niveaux. Ou presque, puisque Squawks le perroquet (vous savez, celui qui éclaire la route dans le monde ténébreux de DKC) peut être « acheté » chez Cranky pour vous aider à trouver les pièces de Puzzle. Sinon, c’est de la plate-forme pure, mais qui vous en fera voir de toutes les couleurs.
Enfin, on remarquera la présence de boss bien plus ardus que dans DKC. Chacun possèdera un point faible qu’il vous faudra trouver avant de pouvoir battre. Et encore, trouver le point faible de la bestiole ne vous assurera pas une victoire immédiate, il faudra également arriver à toucher le monstre. Bref, des ennemis à ne pas prendre à la légère.
DKCR arrive ainsi à réaliser le même tour de force que son aîné de 1994 en offrant un jeu simple et jamais lassant, tout en n’offrant pas une simple copie de DKC, grâce à la dynamisation des décors et des personnages. C’est fort, très fort.
Durée de vie du jeu
DKC : Globalement, les jeux retro, et a fortiori les jeux de plate-forme, ne sont pas très longs. Et DKC ne déroge pas à la règle.
Avec (seulement) six mondes au nombre de niveaux aléatoire, DKC n’est pas très long. Les quêtes annexes sont inexistantes : les seuls objets à ramasser dans chaque niveaux sont les bananes (100 bananes = 1 vies… classique), les vies sous forme de ballons rouges, et les lettres du mot KONG. Une fois récoltées, les 4 lettres vous donneront juste une vie de plus.
Et puis… c’est tout. Une quête principale d’environ 5 heures, et rien de plus. Alors bien sûr, les puristes s’écrieront « mais non, on pouvait finir le jeu à 101% !! ». Oui mais pour cela, il fallait découvrir toutes les zones cachées, afin de récupérer toutes les bananes, toutes les lettres… Bref, du pain béni pour les completionnistes rageux, mais aucun intérêt pour les autres.
Mais pour un jeu comme ça, en 1994, c’est déjà bien, non ? Et si vous êtes un maniaque de la manette, le speedrun actuel est à 24 minutes et 24 secondes… mais pour le battre, bonne chance !
DKCR : Alors là, on ne boxe plus dans la même catégorie ! La quête principale de 8 mondes vous offrira déjà une petite dizaine d’heures de jeu; mais le monde de DKCR regorge de bonus et objets à récupérer.
En plus des habituelles bananes et vies, les deux singes pourront se remplir les poches grâce à des pièces-bananes, qui seront échangées dans une cabane de Cranky contre des vies, des objets d’aide (dont Squawks) ou l’incontournable clé du niveau, qui permet d’accéder à un niveau supplémentaire par monde.
Donkey et Diddy pourront également toujours chercher les quatre lettres KONG. Mais cette fois-ci, pas de vie supplémentaire (enfin si, mais ce n’est pas le but exact), mais une collection pour ouvrir de nouveaux mondes et de nouveaux contenus bonus. Attention toutefois : si les lettres ne sont pas vraiment difficiles à obtenir, il vous faudra toutes les trouver en une seule fois. Une seule lettre manquante, et il faudra refaire le niveau en entier pour valider
Même exercice, mais cette fois-ci avec des pièces d’un puzzle, dont le nombre varie selon les niveaux. Bonne nouvelle, les pièces de puzzle ne doivent être récupérées qu’une seule fois; on peut donc se permettre de ne récupérer qu’une ou deux pièces par passage. Contrepartie : ils sont très durs à trouver et/ou à récupérer. Mais nécessaires pour finir le jeu à 100%, et surtout débloquer de nombreux contenus bonus.
Enfin, un mode de contre-la-montre viendra compléter le jeu. Ah oui, et un infect mode « miroir », qui vous fera refaire les niveaux en mode inversé. C’est dur, laborieux, ça n’apporte rien comme bonus, mais bon, ça vous permet de vous faire respecter par vos potes qui galèrent encore à trouver la enième pièce du puzzle du niveau 4 du monde 6…
Après avoir fini tout ceci, du moins si vous en avez le courage, vous serez à bien plus de 50 heures de jeu. Comblé donc, et probablement fatigué, mais content d’avoir retrouvé un de vos héros de votre enfance dans un jeu next gen au style retro-gaming, réussi qui-plus-est. Alors merci Retro Studios d’avoir nourri notre nostalgie de retro-gamers en offrant un jeu de qualité, qui sera probablement un des jeux retro de référence pour la génération à venir !
Informations techniques
Développeur : Rare / Retro Studio
Éditeur : Nintendo
Date de sortie : 1994 / 2010
Nombre de joueurs : 1 ou 2 joueurs
Style de jeu : Plate forme
Durée de vie : 5-6h / 8-10h pour la quête principale, 12h / + de 50h pour le jeu à 100%
Cote au 02/11/2011 :
10€ en loose, 25-30€ en complet (selon état) / 25€ en occasion
2 commentaires
Perso j’adore ce site ça me rappelle quand je jouais aux jeux vidéo plus jeune 🙂 . Bonne continuation.
Que de souvenirs… Excellent jeu !