couverture livre retrogaming antoine pascal

On a lu : Retrogaming (+ITW Antoine Pascal)

par Mathieu

Amis retrogamers, avouons-le : notre passion pour nos vieilles consoles et leurs cartouches poussiéreuses a ses limites. Hormis quelques experts, difficile d’établir, de tête, des listes exhaustives de consoles par exemple, des dates précises ou même des anecdotes sur tous les modèles.

Avec l’arrivée en 1972 de l’Odyssey de Magnavox, la première vraie console de jeux, l’histoire du jeu vidéo « domestique » se lance vraiment et connaîtra l’épopée incroyable, variée et surtout loin d’être terminée, que l’on connaît. Une histoire d’un art moderne, qui mérite d’être connue au même titre que l’histoire du cinéma, de la musique ou même de la peinture, que malheureusement trop peu d’experts maîtrisent au même niveau aujourd’hui.

Heureusement, quelques petits débrouillards ont l’ingéniosité et la volonté de nous présenter des travaux bien réalisés et destinés à tous, comme c’est le cas pour Antoine Pascal et son livre « Retrogaming : Consoles et jeux vidéo de notre enfance », que nous avons eu grand plaisir à découvrir.

(Re)Découvrir nos consoles et en apprendre plus

Edité par Ouest France et soutenu par l’association MO5, le livre Retrogaming nous a très vite parlé par son concept. Si le travail de « compilation » des anciennes consoles n’est pas nouveau, Antoine Pascal a su rendre la lecture particulièrement ludique, et surtout intéressante aux débutants, aux nostalgiques de leur enfance ou même aux amateurs chevronnés de la bonne vieille console à cartouche.

fiche console dans le livre retrogaming antoine pascal

Les fiches sur les consoles vont à l’essentiel sur leur histoire et leur contexte de sortie

En une grosse centaine de pages, Antoine Pascal nous présente les consoles d’antan de manière (chrono)logique, de manière à que l’ont ai nullement l’impression de mettre son nez dans un des barbants manuels d’histoire-géo que nous avons tous également arpentés. Non, la « mise en scène » donne envie de tourner la page et d’en savoir plus.

La recette est bien trouvée, notamment pour nous autres, amateurs d’art visuel : l’image y est très présente, prenant souvent la part belle au texte, discret mais fourni. On peut donc s’autoriser deux lectures du livre : la méthode « Bande Dessinée » en feuilletant les pages pour redécouvrir certaines formes (très) familières, mais également avec une lecture plus poussée.

Antoine Pascal a d’ailleurs su avec ses textes ne pas rendre la lecture lourde et ennuyeuse : l’information va à l’essentiel, non sans s’attarder souvent sur des anecdotes amusantes, intéressantes ou parfois carrément indispensables ! On s’étonnera donc de découvrir certains points sur des consoles qu’on pensait connaître, mais donc on semble ignorer encore beaucoup… et c’est dommage.

Vos jeux préférés comme rappel

jeux emblématiques nintendo 64 retrogaming antoine pascal

Les jeux emblématiques de chaque consoles seront là pour vous aider au « souvenir »

C’est notamment avec sa présentation que l’auteur a su rendre un « livre d’Histoire » particulièrement intéressant. Présentant d’abord la console sur une page, étoffant le récit avec ses accessoires et matériel annexe sur une seconde, Antoine Pascal a eu la bonne idée de poursuivre sur une double page (parfois plus) avec les jeux emblématiques de chaque console.

Comme souvent lorsqu’on évoque ses souvenirs retrogaming, ce sont des jeux que nous parlons, rarement de la grosse boîte faite de plastique et de circuits imprimés qui prenait une bonne place dans le meuble TV des parents. On peut donc se rappeler, visuellement encore une fois grâce à des clichés de la cartouche mais aussi de screenshots, de ces jeux sur lesquels nous avons usé nos pouces.

Facile alors de les replacer dans leur contexte : année de sortie, console de référence, ou pire, âge que nous avions lors de la sortie. Oui, Retrogaming navigue en plein dans ce qui fait tout l’intérêt et l’amour des vieilles consoles : la mélancolie de nos jeunes années et des souvenirs trop souvent enfouis en nous, qui ne demandent qu’à ressurgir.

Un rappel pour les grands, un apprentissage pour les petits

Retrogaming est vraiment un livre à placer entre (presque) toutes les mains. Pour le trentenaire qui pouponne et qui jette un regarde sur son passé, pour le natif des 90’s qui commence à avoir un petit passé de gamer ou le p’tit jeune des années 2000 qui ne sait probablement pas ce qu’est un « bit », le livre est une initiation en douceur tout comme une piqûre de rappel agréable.

La lecture est facile, agréable et peut être cursive comme totalement désordonnée : allez directement vers les consoles que vous avez connues ou suivez le fil chronologique, comme nous vous le conseillons pour bien vous imprégner de l’évolution de cet art si particulier qu’est le jeu vidéo.

Bien sûr, les spécialistes du jeu vidéo seront peut-être déçus par le manque d’informations : Retrogaming n’a pas comme leitmotiv de vous apporter la précision ultime sur le plus méconnu des jeux qui vous marquera et développera votre savoir vidéoludique (pour cela, on vous conseille le formidable 100 jeux, 1000 anecdotes d’Arnaud Bonnet), mais bien de disposer d’un ouvrage global sur presque 50 ans de jeu vidéo. Et apprendre à tous, jeunes comme vieux, pourquoi on aime tant ça, on ne demande pas mieux.

Merci aux éditions Ouest France pour l’ouvrage et les extraits, à Antoine Pascal pour sa gentillesse et son temps.
Retrogaming : Consoles et jeux de notre enfance, Ouest France, 2015, disponible au tarif de 19,90€ dans en librairie spécialisée, sites e-commerce (Amazon) et le site des éditions.

L’interview de l’auteur : Antoine Pascal

Antoine Pascal Photographe auteur du livre retrogaming

Antoine, visiblement heureux de se prendre en selfie 😉

Retro-Games.fr : Salut Antoine ! Nous en savons maintenant plus sur ton ouvrage, peu sur son auteur… Peux-tu nous en apprendre plus sur toi ?

Je suis à la base photographe. Ayant travaillé dans de nombreux domaines (musique, automobile, patrimoine historique français) j’ai appris à aimer les objets, à les photographier et à m’intéresser aux passions des autres (collectionneurs et conservateurs notamment). Personnellement, je reste un grand fan des années 1980 et des jouets qui m’ont fait rêver gamin. Passionné par « l’objet », j’ai commencé par redécouvrir ceux que mes parents m’avaient achetés (et sauvés de la poubelle et des brocantes) puis j’en ai racheté d’autres en vide-greniers et sur Internet.

RG : On imagine que ce travail de recherche ne s’est pas fait sans une certaine passion… Quel (retro)gamer est Antoine Pascal ?

C’est peut-être parce que les consoles étaient proscrites à la maison que le retrogaming est devenu, bien des années plus tard, l’un de mes domaines d’intérêts. J’ai aimé très fort mon CPC 6128 mais je n’ai pu exercé mes talents de gamer sur console que chez mes copains de l’époque. Aussi, j’aime tout ce qui fait « Tic », « Block » ou « crack » quand tu mets deux piles : j’ai une petite collection de jeux type Table Top : plus ils sont simples, plus ils me font marrer !

RG : Quand as-tu commencé à torturer des manettes ? Et plus précisément avec quelle console ?

Je suis NES addict. Pour moi, il s’agit de la console rétro par excellence. Sa ludothèque est gigantesque et j’aime son côté « populaire ». Je suis aussi fan du côté « cheap » de la Master System. En fait, je suis profondément 8 bits. J’ai pourtant un grand respect pour les fans de la PC-Engine et de la Neo Geo mais, comme à l’époque, ces consoles ne me parlent pas vraiment. Elles sont trop « nippones » et « techniques » à mon goût.

RG : As-tu des souvenirs vidéoludiques qui sortent du lot, notamment avec un jeu en particulier ?

Gryzor contra CPC screeshot

Gryzor (1987), mieux connu sous le nom de Contra.

Mes principaux coups de cœur de l’époque ont été Gryzor sur CPC, Castlevania et Tortues Ninja sur NES (Teenage Mutant Hero Turtles), Alex Kidd, Sonic 1 et 2 sur Master System. Rien d’extravagant mais beaucoup de « Die & Retry » en perspective ! Enfant, j’aurai rêvé jouer à Zelda mais n’ayant pas de console à la maison, impossible de partir seul dans une pareille quête. Avec mes potes, on s’affrontaient plutôt à des jeux de courses ou de bastons (Street Fighter II bien entendu et un peu de Mortal Kombat plus tard).

RG : D’où t’es venu cette idée d’une « encyclopédie » du retrogaming destiné aux amateurs comme aux néophytes ?

En réalité, j’ai fais le livre que j’aurai aimé feuilleter et lire. À mon sens, cet ouvrage propose une plongée en apnée, sans bouteille, dans trois décennies de loisirs vidéoludique en France. J’attends par « apnée » une excursion rapide et synthétisée dans un univers incroyablement riche et complexe, avec un vocabulaire propre qui peut rebuter certains. Je voulais parler principalement aux garçons et aux filles de mon âge qui n’ont plus pensé aux consoles depuis 20 ans et de raviver chez eux quelques bons souvenirs. Aussi, j’espère que ce livre intéressera les jeunes qui se passionnent pour les jeux vidéo. Mon neveu Gabriel, 12 ans, fait parti de cette génération. Je lui ai dédicacé ce livre. Je l’ai écrit aussi en pensant à lui et à ses copains.

RG : Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans la réalisation de cet ouvrage ?

De négocier plus de pages et plus de temps à mon éditeur!!! Je voulais montrer toujours plus d’accessoires et de jeux mais il fallait respecter les délais et le budget ! Plus sérieusement, j’ai rencontré pleins de passionnés qui m’ont ouvert leurs collections et les gens de MO5.COM m’ont permis de finir le travail dans de supers conditions. Aussi, je voulais dater au maximum les objets et les jeux. J’ai eu un gros travail pour tout retrouver et tout vérifier. J’espère d’ailleurs qu’il n’y a pas trop d’erreurs. Un livre, c’est environ 180 000 signes, il y a forcément des « coquilles ». J’espère qu’elles sont minimes…

Photo de la Sega Megadrive par Antoine Pascal

On a rarement l’occasion de voir d’aussi jolis clichés de nos consoles retro préférées… © Antoine Pascal

RG : On a également été impressionné par les photos des consoles et jeux… Comment t’es-tu débrouillé pour avoir des clichés d’aussi bonne qualité ?

Je suis photographe. J’ai la chance de manipuler un appareil photo tous les jours depuis presque 15 ans. Aussi, j’aime les objets et j’essaie de les faire aimer en retour. Merci infiniment du compliment.

RG : Penses-tu continuer à réaliser des travaux comme Retrogaming, dédiés au monde des jeux vidéo, ou bifurquer sur d’autres thèmes ?

Il faut attendre de voir l’accueil que le livre reçoit de la part du grand public pour se prononcer là-dessus et pour convaincre mon éditeur que cet univers est vaste et qu’il mérite une suite ! Bien sûr, j’aimerai en réaliser un autre mais cette question n’est pas d’actualité.

RG : On a certainement encore pleins d’autres questions, mais on va terminer par celle-là : que souhaites-tu à ton livre, et la reconnaissance de la communauté des retrogamers serait-elle pour toi une certaine « consécration » ?

Fréquentant régulièrement les conventions, je sais à quel point les retrogamers et autres hardcore sont « durs » dans leurs jugements. Je ne cherche pas la reconnaissance mais de la tolérance en cas de bourde. Les conditions pour écrire un livre sont ce qu’elles sont et l’erreur est humaine. Par- contre, j’espère que la double pages 46-47 en fera sourire plus d’un !

Merci beaucoup pour l’intérêt que vous m’avez porté, longue vie à Retrogaming et à Retro-Games.fr !

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