Luigi’s Mansion

par Gwoka

jaquette de luigis mansion sur gamecube

Luigi’s Mansion – Gamecube / Nintendo 3DS

« Luigi, mignon mais bof »  dans le Joypad de mai 2002, « Oui mais… » du testeur Kael dans le Console + du même mois, montraient le désamour d’une partie des journalistes et des joueurs pour Luigi’s Mansion.

Le titre de lancement de la Gamecube au Japon mais aussi en France restera un jeu déprécié, souvent vu comme un amuse-gueule avant le vrai jeu (la killer-app comme on dit), le fameux Mario de la Gamecube qui mettra cinq mois à arriver sur les terres européennes (Super Mario Sunshine, 04 octobre 2002).

Pourquoi ce désamour ? Est-ce vraiment dû à la déception de jouer un jeu Luigi au lieu d’un Mario qu’on espère révolutionnaire, à l’instar d’un Mario 64 en son temps ? Est-ce dû au manque d’ambition vidéoludique du jeu ? Sa linéarité ? Son ennui souvent souligné dans les tests de l’époque ? Pourtant, il semble indéniable qu’il se dégage un charme indéniable de ce Luigi’s Mansion. Préparez vos lampes-torches et vos Ectoplast 3000, nous allons chasser les fantômes du passé avec Luigi.

« Mario ?! Maarrrrrio ?!!! »

Luigi, on l’aime beaucoup, mais il n’est pas très malin, ou trop naïf si on veut être gentil avec lui. Après avoir remporté un concours auquel il n’a pas participé, Luigi se retrouve dans un manoir qu’il a gagné. Heureux de son gain, il apprend la nouvelle à Mario qui décide également d’aller y faire un tour. Entre frangins, « su casa es tu casa ». Après plusieurs heures de voyage, Luigi arrive sur les lieux et se rend compte de deux choses : le manoir gagné est plutôt lugubre et Mario est introuvable. Comble de son malheur, le manoir est hanté par d’innombrables fantômes et Luigi doit la vie à un étrange savant, Karl Tastroff, qui lui expliquera comment chasser du fantôme et ainsi sauver son frère, Mario, à l’aide d’un aspirateur et d’une lampe torche.

le manoir de luigis mansion sur Gamecube

Sympa le manoir !

Si l’histoire ne marquera pas les annales du jeu, elle a le mérite de poser rapidement l’ambiance « maison hantée de Disney ». C’est d’ailleurs cela qui frappe le joueur en premier manettes en main, l’ambiance. Remettons dans le contexte la sortie de Luigi, le jeu doit être une démo technique pour faire saliver les joueurs et les pousser ainsi à l’achat. Par conséquent, les jeux de lumières sont magnifiques. Les bougies qui éclairent seulement une partie de la pièce, les éclairs qui grondent à l’extérieur du manoir et qui laissent des ombres inquiétantes sur les murs et sols, sont des moments de pur bonheur visuel. Aujourd’hui encore, Luigi’s Mansion reste admirable sur le plan visuel.

Cependant, l’ambiance ne repose pas uniquement sur des jeux de lumière. Parfois, Luigi sifflote pour se donner du courage ou appelle son frère la voix tremblotante lorsqu’il se sent un peu seul dans le noir ou si vous appuyez tout simplement sur le bouton A. Si le jeu ne fait pas peur à des adultes, ces petits détails sont amusants et nous permettent d’avoir de l’empathie pour le pauvre Luigi coincé dans le manoir.

Évidemment, cette horreur humoristique se retrouve dans des références cinématographiques évidentes (Ghostbusters en tête), mais aussi dans le détournement d’un code d’un des jeux d’horreur les plus connus au monde : Resident Evil. En effet, à la manière des premiers opus, lorsque Luigi ouvre une porte, un gros plan se fait sur la porte notamment sur la poignée où l’on peut voir la main tremblotante de Luigi actionner le mécanisme. Dans Resident Evil, le but était de camoufler le temps de chargement et d’apporter une certaine tension (Que va-t-on trouver derrière la porte ?). Dans Luigi’s Mansion, le but est surtout de faire sourire le joueur en voyant la peur non dissimulée du plombier vert.

Bienvenue dans le manoir le plus lugubre de Nintendo !

luigi aspire un fantome avec son aspirateur dans luigis mansion 1 sur gamecube

Who you gonna call ? Luigi !!

L’ambiance est au service d’un jeu. Armé d’un aspirateur conçu spécialement pour aspirer les fantômes, Luigi arpente les couloirs, les caves et même les jardins pour découvrir où se trouve retenu Mario. Durant cette aventure, Luigi devra faire face à des fantômes qu’il pourra aspirer sans effort mais la plupart devront être surpris par la lampe torche avant de pouvoir se laisser aspirer. Pour réussir ces actions, il faudra incliner son stick droit à l’opposé de la direction à laquelle se débat le fantôme. Bien entendu, les mini-boss et surtout les vrais boss auront plus de points de vie et surtout des patterns pour en venir à bout. D’ailleurs, les boss sont très variés avec une « vraie personnalité ». Mélodie, le fantôme mélomane qui vous posera des questions sur la musique de Mario Bros, ou encore l’haltérophile vous feront sourire. Néanmoins, ils seront tous très faciles à battre même avec des points de vie plus importants.

Enfin, pour finir sur le nouveau jouet de Luigi, l’aspirateur ne permet pas uniquement d’aspirer des fantômes mais également des pièces, clefs ou autres joyaux cachées dans les décors du jeu. Si l’aspect trésor ne vous intéresse pas, il faut tout de même reconnaître que les effets de distorsions lorsque l’aspirateur attrape une nappe de table avant de l’aspirer est vraiment saisissant, surtout pour l’époque. Sur le plan technique, Luigi’s Mansion est le parfait représentant pour lancer la Gamecube.

Un manoir fantôme un peu court et répétitif 

Dans Luigi’s Mansion, l’intérêt n’est pas uniquement porté sur le fait d’attraper des fantômes. A la manière d’un Resident Evil, des énigmes peu nombreuses et simples parsèment votre aventure pour casser la monotonie du « Aspirer fantôme boss, avoir la clef, avancer dans la prochaine pièce ». Monotonie ?! C’est l’impression qui se dégage du titre de Nintendo après deux heures de jeu. Si, au départ, le joueur est happé par l’ambiance et la nouveauté du titre, il se rend bien vite compte qu’il fait la même action continuellement sans réellement d’évolution. Aspirer trois-quatre fantômes dans une pièce, avancer, aspirer à nouveau trois-quatre fantômes, avancer et ainsi de suite. La monotonie de la boucle de gameplay n’est jamais réellement brisée malgré l’introduction des éléments feu, glace ou eau pour affronter de nouveaux ennemis ou de cette mini-quête pour attraper les cinquante Boo du manoir.

Un manoir trop à l’étroit

jardin du manoir de luigi mansion sur gamecube

Si le manoir reste le lieu principal de l’histoire, Luigi fera une escapade dans le jardin.

Cette monotonie est accentué par l’unité de lieu du jeu. Sauf dans de rares exceptions, Luigi restera dans son manoir qui se révèle finalement un peu étriqué à la longue.
Au final, le jeu se révèle très linéaire et surtout abuse et sur-abuse de ce qu’on appelle le « backtracking », c’est-à-dire sur le fait de revenir régulièrement sur ses pas pour pouvoir ouvrir des portes qui était alors inaccessibles. Si le backtracking peut avoir son intérêt sur un « Metroidvania », l’intérêt dans Luigi’s Mansion est surtout de donner l’illusion au joueur de vivre une aventure trépidante et de rallonger artificiellement la durée de vie du titre mais le joueur n’est pas dupe. Il est même agacé de devoir faire des détours ou rebrousser son chemin continuellement pour seulement ouvrir une porte et affronter une nouvelle fois des fantômes.

Pour finir, malgré des détours inutiles, Luigi’s Mansion est un jeu qui se finit très rapidement. Si vous êtes vraiment doué, vous pouvez le finir en trois-quatre d’heures. Sinon, six heures devraient être largement suffisantes pour boucler la première aventure solo de Luigi. Aujourd’hui, cela semble honnête mais en 2002, pour un jeu de lancement dans un line-up faible, payer le prix fort pour une expérience très courte en avait mis en colère quelques-uns.

boss bébé dans luigi mansion 1 sur game cube

Certains boss sont impressionnants de par la taille. Et ce n’est pas le plus imposant…

En somme, Luigi’s Mansion est loin d’être un mauvais jeu. En son temps, il a apporté un vent de fraîcheur pour les fans de Nintendo à travers Luigi, jamais mis autant en avant, et son concept de la chasse aux fantômes. Le jeu a un charme certain. Malgré tout, le titre montre rapidement ses limites. Au fond, et d’après des témoignages chez Nintendo, on sent bien que Luigi’s Mansion était un jeu pour faire la promotion technique de la Gamecube mais aussi un court palliatif à l’absence d’un Mario canonique. Cependant, depuis maintenant 17 ans, Luigi’s Mansion reste une saga de plus en plus appréciée par les fans de Nintendo. Contrairement à d’autres licences, Luigi’s Mansion n’a pas été surexploité (seulement deux épisodes nouveaux depuis 2002 dont le dernier sort le 31 octobre 2019 sur la Nintendo Switch). Il garde donc de sa fraîcheur et du charme aux yeux des joueurs.

Certes, Luigi’s Mansion n’est pas le plus grand jeu de sa génération mais c’était un premier coup d’essai plutôt réussi. D’ailleurs, le second épisode gommera certains défauts de son prédécesseur en approfondissant le gameplay pour en faire un jeu encore plus intéressant à jouer. Luigi’s Mansion 3 sera peut-être l’épisode de la maturité et du courage pour le frère de Mario. Un Luigi enfin devenu grand.

Notre live sur Luigi’s Mansion :

 

Informations techniques

Développeur & Éditeur : Nintendo
Date de sortie : 3 mai 2002
Nombre de joueurs : 1 joueur
Style de jeu : aventure
Durée de vie : Environ 4-6 heures
Cote au 27/10/2019: Environ 40 euros en complet

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