ToeJam and Earl – Sega MegaDrive
Fraîchement sortis de leur vaisseau spatial en provenance de la planète Funkotron, les deux extraterrestres ToeJam et Earl débarquent en 1991 sur la Terre via la Sega MegaDrive. Pourtant, malgré le succès qu’ils y ont reçu, notamment aux USA, ceux-ci n’ont qu’une idée en tête : rentrer chez eux. Et vous serez bien aimables de les y aider.
La MegaDrive de l’avant-Sonic
Nous sommes en 1991, quand le chômage apparaissait à peine et qu’on ne s’inquiétait guère que de savoir ce qu’on allait manger le soir, ou si Madonna allait à nouveau lancer sa lingerie dans le public lors du prochain concert. Il y a longtemps, quoi.
La MegaDrive de Sega arrivait à peine sur le marché (septembre 90), et cherchait encore ses marques, bien que sa grande sœur, la Master System, avait bien préparé le terrain. Si Nintendo était déjà bien représenté par Mario et ses copains, Sega manquait encore cruellement d’une mascotte pour tenir la fonction de VRP. Puis sont débarqués ToeJam et Earl.
ToeJam (littéralement « confiture d’orteils ») est le genre de bestiole abandonnée de Dieu : il est constitué d’une boule à laquelle on aurait greffé trois jambes, deux bras et deux yeux de homard. Pas le genre de créatures qu’on cherche à rencontrer le samedi soir dans la discothèque tendance du coin. Son pote Earl est plus « humanoïde », même s’il vous fera probablement penser à un autre célèbre personnage, plus récent, à cause de la taille, la couleur et la brioche enroulée autour de la hanche.
Hormis venir de la même planète, Funkotron (un chouette endroit où personne ne se ressemble… on se demande comment ils reconnaissent un extra-funkotrionien…), ToeJam et Earl partagent deux points : ils sont fans de funk / hip-hop / musiques-à-la-mode-dans-les-90’s et de fringues allant de pair avec ce genre, et se retrouvent paumés sur une planète laide et effrayante, la Terre. Et sans CV en plus, c’est moche.
Alors les deux compères prennent une décision qui devrait plaire à Marine LePen : reconstituer leur moyen de locomotion accidenté et repartir chez eux, sans qu’on ne leur demande quoi que ce soit. En même temps, vu les énergumènes qu’ils croisent, la planète bleue, ça donne pas vraiment envie.
ToeJam and Earl : un concentré d’humour en 16bits
Ne passons pas par 4 chemins : ToeJam and Earl n’est pas un jeu auquel on a injecté une bonne dose d’humour, c’est plutôt une tranche de rigolade sur laquellle on a assemblé quelques pixels.
Tout dans le jeu passe par l’humour. Les personnages possèdent tous un design bien ridicule, affublé en sus d’un look devenu aujourd’hui ringard, qui nous donne l’avantage, nous-autres gamers du XXIe siècle, de les voir de manière encore plus décalée qu’en 1991. Et donc plus drôle. Le menu, les graphismes et les références, tout est inhérent à la fin des 80’s et le début des 90’s. Un excellent point pour les retro-gamers nostalgiques. Vous et moi, quoi.
Le jeu est entièrement en anglais, mais le niveau ne demande pas d’avoir squatté les bancs de Cambridge : le parler-argot est facilement compréhensible, et on adore les expressions que ToeJam comme Earl lancent tout au long de l’évolution dans le jeu.
Les ennemis valent également leur pesant d’or : s’ils doivent « théoriquement » se rencontrer sur Terre, on puise tout de même fortement dans l’imaginaire et le ridicule. Diablotins gras-du-bide, scientifiques fous, hommes déguisés en carotte, hamsters dans leur boule ou encore vahinés qui vous feront danser la lambada… On rencontre de tout dans ToeJam & Earl.
Même les objets ramassés, allant des tomates à lancer aux rollers sur fusée, en passant par les baskets-ressorts, sont carrément barrés. En fait, l’ensemble du jeu essaye de tirer un sourire au gamer. Et c’est plutôt réussi, mais il aurait tout de même fallu se concentrer un peu plus sur la forme du jeu…
Un gameplay décalé, pas forcément efficace…
La ligne directrice du jeu se résume rapidement : vous évoluez d’îlot en îlot flottants (oui, comme dans Avatar, ou encore le jeu de stratégie NetStorm… très courantes sur Terre) à la recherche des 10 pièces détachées qui composent votre vaisseau spatial, impossibles à trouver auprès d’un Norauto.
En vue « 3/4 » (tel qu’on peut le retrouver dans un Jurassic Parc sur Super Nes ou dans Legacy of Kain : Blood Omen sur PS1), vous devrez donc visiter les 20 îlots qui composent le jeu pour y retrouver les pièces détachées, et récupérer au passage divers objets tout en évitant ces trépanés de terriens. Vous pourrez vous aider d’une carte en damier indiquant votre emplacement, ainsi celui des objets importants croisés; évidemment le damier se découvrira carreau par carreau au fur et à mesure de votre progression sur l’îlot.
Et là, ça devient déjà très vite lassant. Les graphismes, bien que colorés, sont monotones et peu travaillés. Les animations de ToeJam, Earl et l’ensemble des ennemis sont amusants, mais le reste de l’écran alternera entre vide spatial, falaises, herbe, lacs et marais boueux. C’est tout. Vraiment tout.
L’aspect rédhibitoire des graphismes vous amène alors à réfréner votre âme d’explorateur; un détail vient d’ailleurs définitivement donner le coup de grâce à votre intérêt pour découvrir les mondes traversés. Vous serez probablement d’assez habiles mathématiciens pour conclure que 10 pièces dans 20 mondes entraîne l’absence de pièce dans la moitié des mondes. Certains niveaux ne contiennent donc pas la présence d’une précieuse pièce de votre vaisseau, ce qui entraînerait logiquement l’exploration de chaque îlot… Si seulement le jeu ne vous prévenait pas, à l’entrée de chaque niveau, de la présence d’une pièce.
Ce petit détail vient fortement entacher le plaisir de la recherche et le défi. Les niveaux ne contenant aucune pièce ne comportent ainsi aucun intérêt, sinon celui de visiter les mêmes décors déjà traversés, perdre de précieuses vies ou de récupérer certains objets. Mais ça, c’est en comptant sur le fait que tous les gamers sont des complétionistes… ce qui n’est largement pas (plus?) le cas.
Ramasser des objets, éviter les ennemis et passer son chemin
Pour le reste du gameplay, il se présente comme tout aussi simple : les deux personnages sont capables de marcher, utiliser des objets et se faufiler. Cette dernière action est d’ailleurs sensée vous permettre d’éviter certains ennemis, mais leur zone de réactivité semble plus étendue que votre angle de vue… ils vous repèrent donc bien souvent avant même que vous les voyiez.
Les objets que vous pourrez utiliser se trouvent tous à l’intérieur de cadeaux à ramasser sur votre chemin. Si certains vous seront utiles, tels que le lance-tomates pour éliminer vos poursuivants, d’autres seront carrément inutiles (la bouteille de bière qui vous fait roter pendant 2 minutes) ou même pourront vous desservir (les rollers sur fusée totalement incontrôlables). Tels la boîte de chocolats de Forrest Gump, vous ne connaîtrez le contenu du cadeau qu’après l’avoir utilisé (devant normalement apporter plus de fun au soft)… Ne comptez donc pas vraiment sur ces cadeaux pour vous sortir du pétrin.
On trouvera également sur le chemins quelques denrées sensées vous rendre de l’énergie. Certains vous rendront 1/5 de votre barre d vie quand certains autres ne vous apporterons que peu de santé, voir vous en enlever… Car oui, certains aliments vous entameront la vie, tels que le fromage passé ou le pain moisi. Seulement, même sur une TV de 106cm, nous ne sommes pas arrivés à distinguer que ce tas de pixels était une miche de pain méchamment attaquée par les mycoses. Et quand bien nous y serions arrivés, nous l’aurions certainement ramassée quand même. Ce détail devait probablement être une nouvelle blague des développeurs… mais on ne doit pas avoir le même humour qu’eux.
Surtout qu’il vous arrivera de perdre de la vie rapidement : certains ennemis font mal, très mal. Mais surtout, certains avancent plus vite que vous ! Impossible donc de leur échapper… si ce n’est en mourant ou en vous jetant dans le vide. Punition moindre, puisque vous tomberez ainsi sur l’ilot précédent, et il vous faudra simplement regagner l’ascenseur pour le prochain niveau. Mais à force, c’est un peu lourd. Précisons également qu’il est impossible de sauvegarder… Donc Game Over, c’est Game Over.
Ne lapidons néanmoins pas totalement le jeu : l’humour omniprésent apporte de l’originalité au soft, sans compter sur quelques bonnes idées. On en retiendra notamment le mode 2 joueurs, qui vous permettra de visiter plus rapidement chaque niveau, ainsi que le mode Aléatoire, qui permettra de générer, sans fin, de nouvelles parties avec des cartes différentes, offrant ainsi au soft une durée de vie illimitée. Si toutefois vous avez vraiment envie de rejouer à ToeJam and Earl.
Le conseil de Retro-Games.fr
Si nous n’avons pas vraiment apprécié ToeJam & Earl malgré son originalité, vous souhaiterez peut-être le tester vous même pour vous faire votre propre avis (et nous vous y encourageons!). La version MegaDrive n’est pas très chère, mais plutôt rare; Sega a eu la bonne idée, dans le cadre de sa Sega Vintage Collection, de proposer une réédition du jeu sur Xbox Live Arcade, PSN et Wii, avec en prime la suite du soft, ToeJam and Earl 2 : Panic on Funkotron, un jeu de plate-forme… bien mieux réalisé cette fois !
Informations techniques
Développeur : Johnson Voorsanger Productions
Editeur : Sega
Date de sortie : 1991
Nombre de joueurs : 1-2 joueur(s) en coop
Style de jeu : Aventure – exploration
Durée de vie : Environ 3h pour chaque partie (solo)
Cote au 05/12/2012 :
6€ en loose, 12€ en complet / 800 points Xbox Live pour ToeJam and Earl 1 et 2
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