Harry Potter à l’école des sorciers

Harry Potter à l’école des sorciers – Playstation

En 2001, quand sort le jeu Harry Potter à l’école des sorciers sur PS1, la « Pottermania » bat son plein avec la sortie du premier épisode au cinéma et les ventes des livres sont ahurissantes. Il est donc normal de voir arriver en même temps que le film un jeu vidéo sur l’univers du sorcier le plus célèbre de l’univers.

Cependant, 2001 est également la continuité du lent déclin de la première Playstation de Sony. Cela fait un an que la Playstation 2 est sortie et qu’elle concentre les efforts de la majeure partie des éditeurs. En fin de vie, la PSone attire surtout des jeux à faible budget ou des adaptations de dessins animés/films jeunesse à destination d’un public jeune voir très jeune.
Harry Potter à l’école des sorciers est l’un de ces jeux. Un jeu pour un jeune public, très accessible mais un peu fauché sur les bords.

C’est la rentrée chez les sorciers

Dès la fin des années 1990, les studios se battent pour obtenir, auprès de la Warner Bros., le droit d’exploiter le petit Potter sur les différentes consoles. Le but de cette utilisation de l’univers de J.K Rowling dans le monde du jeu vidéo est de préparer la sortie des films en proposant à des milliers de fans de prolonger l’aventure via les différentes consoles présentes (Playstation, Game Boy Color, Game Boy Advance) ou bientôt présentes (Playstation 2, Gamecube, Xbox) et ainsi grappiller quelques dollars de plus.

Electronic Arts, grand studio américain et vainqueur des négociations, se rend rapidement compte qu’il sera difficile de sortir le premier Harry Potter sur tous les supports de l’époque en même temps que le film. Pour certaines consoles, EA fera appel à des studios externes pour remplir le contrat. Pour la Playstation 1, c’est les britanniques d’Argonaut Games qui s’occuperont de l’adaptation d’Harry Potter à l’école des Sorciers. Un studio né en 1984 (fermé depuis 2004-2005) qui produira Star Wing sur Super Nintendo ou encore Croc (Playstation, Saturn, Game Boy Color) pour ne citer que quelques jeux. Autant dire que le studio britannique ne brille pas par son brio mais reste assez solide pour réussir à boucler un tel projet à la date souhaitée.

Les phases narratives sont joliment mises en scène, avec une voix off en soutien

Cependant, le projet ne sera pas de tout repos pour les studios travaillant sur Harry Potter et notamment pour Argonaut Games. En effet, dans un premier temps, la Warner fournira peu d’informations sur la direction artistique du film. Par conséquent, Argonaut Games et les autres devront surtout s’appuyer sur le roman.

C’est en partie pour cela que ce Harry Potter à l’école des Sorciers s’éloigne du film sur beaucoup d’aspects. Les personnages ne ressemblent pas aux acteurs, les voix officielles du film ne sont pas dans le jeu et il n’y a aucun extrait du film de Chris Colombus dans le jeu d’Argonaut Games. D’ailleurs, cela se ressent surtout dans les phases de transition entre les différents passages du jeu. Au lieu de mettre un extrait du film pour passer d’un chapitre à un autre, EA et Argonaut Games ont eu l’idée d’utiliser un narrateur, Daniel Gall, connu pour être la voix française d’Actarus ou encore de Jerry Orbach, qui raconte certains passages du roman via des diaporamas

Pour ceux qui sont intéressés par la production des premiers jeux Harry Potter, Pixel’n’love a édité en 2019 un livre, encore disponible à la vente, sur le sujet : « Dans les coulisses des jeux vidéo Harry Potter » par Gaétan Boulanger.

Potter, vous n’avez pas la gueule d’un porte-bonheur

Malgré une console en fin de vie et une connaissance poussée des performances de la machine par les développeurs, Harry Potter à l’école des Sorciers ne brille pas par sa finesse graphique ou même une DA particulièrement incroyable.
Le jeu se révèle plutôt laid, même pour l’époque, et surtout peu fin dans la modélisation des personnages et des visages. Sans être totalement dans l’exagération, les personnages se rapprochent parfois des modèles que nous pouvions voir au début de vie de la Playstation. Ils sont presque cubiques surtout en ce qui concerne les visages.

Derrières ces visages cubiques se trouvent les jumeaux Weasley… Si, si !

Ce manque de finesse se retrouve également dans la majeure partie des décors que vous verrez dans cette aventure. Les arbres sont sans relief, la cabane d’Hagrid est modélisée à la truelle ainsi que les différentes pièces du château. Les détails dans les décors sont inexistants. La preuve en est que, pour montrer les différents passages secrets, les développeurs ont tout simplement décidé de rendre le passage secret un peu plus clair que le reste du mur… Enfin bref, il n’y a eu aucun effort sur la partie graphique du jeu. C’est assez dommage de constater cela alors que des jeux comme Final Fantasy IX de Squaresoft, dans un genre différent, avaient poussé la console de Sony dans ses derniers retranchements.

Cependant, tout n’est pas à jeter dans la partie artistique de ce jeu avant tout destiné aux fans de Harry Potter et aux enfants.

La musique d’Harry Potter à l’école des Sorciers est composé par Jeremy Soule (compositeur de Morrowind !). Il parvient à retranscrire la magie et l’ambiance de l’œuvre de J.K Rowling. La composition de l’auteur ne copie pas celle de John Williams puisque le jeu s’est fait en parallèle du film. Néanmoins, Jeremy Soule a dû avoir quelques notes de Warner Bros car certains passages musicaux se rapprochent vraiment de ce qui a été fait pour les films.

Harry Potter et la charge mentale

Ne l’oublions pas, Harry Potter est un jeu d’action/aventure pour les fans et les enfants avant tout. Par conséquent, on retrouvera dans cette production tous les avantages et les inconvénients que peuvent amener l’adaptation d’un film en jeux vidéo.

Même l’utilisation de la baguette est trop automatisée pour être amusante…

Tout d’abord, vous retrouverez toutes les étapes essentielles du film et du livre. Vous irez au cours de vos différents professeurs, vous ferez du Quidditch et vous irez même boire une tasse de thé dans la cabane de Hagrid. Vous ne raterez absolument aucun passage important du livre.
Chaque partie de l’univers de Harry Potter est occasion de faire des mini-jeux. Par exemple, afin de rejoindre un cours dans un temps imparti, vous allez devoir sauter de plateforme en plateforme (chaudrons volants, livres volants, charpentes glissantes, etc.) dans un parcours du combattant globalement assez simple.

Le Quidditch fait également l’objet d’un mini-jeu. Pour réussir à attraper le Vif d’Or, vous allez devoir passer à travers des anneaux magiques pour donner une accélération à votre Nimbus. Ensuite, quand vous serez proche du Vif d’Or, il vous suffira d’appuyer sur le bouton croix au bon moment pour l’attraper et gagner le match.
Évidemment, vous aurez également des petites énigmes à résoudre, des phases de plateforme, des combattants à vaincre à coup de sorts magiques et des passages secrets à découvrir. Harry Potter à l’école des Sorciers n’hésite pas à varier sur les situations.

Malheureusement, malgré la diversité des actions à faire, le jeu se révèle  vite répétitif. Toutes les séquences mentionnées ci-dessus seront à faire de trop nombreuses fois sans presque aucune variation. Les phases de plateforme se ressemblent toutes. Il en est de même pour les matchs de Quidditch. Passer l’excitation de la première fois, on s’ennuie gentiment dans cet Harry Potter.

De plus, les développeurs auront cette fâcheuse manie de respecter la règle de trois. Par exemple, il faudra récupérer de l’argent à la banque Gringotts. Pour se faire, il faudra faire trois fois le même mini-jeu (récupérer l’argent dans les tunnels grâce à un wagonnet qu’il faudra diriger) pour avoir la somme requise. Cette règle de trois s’applique presque pour tout dans le jeu. C’est usant, fatiguant de répéter trois fois à la suite les même mini-jeux pour passer à une phase suivante.

Les phases de plates-formes ne sont pas vraiment le point fort du jeu…

Cette lassitude s’explique aussi par la trop grande facilité du jeu. Il n’y a aucun challenge pour rehausser l’intérêt du joueur notamment dans les phases de plateforme (une nouvelle fois !). Pour plaire au plus grand monde, les développeurs ont décidé de faciliter grandement la vie des joueurs avec un saut automatisé. Il suffit de faire courir Harry Potter au bord d’un précipice et celui-ci sautera automatiquement sur la plateforme suivante un peu proche. Cette automatisation des sauts, malgré quelques imprécisions, rend les phases de plateforme inintéressantes à jouer.
Cette facilité se retrouve dans tous les aspects du soft. Dans Harry Potter à l’école des Sorciers, même les boss ne font pas l’objet d’une réflexion un peu poussé du joueur. Généralement, il suffit de lancer au bon moment un sort ou un objet sur l’ennemi pour le vaincre facilement. Même le boss de fin n’est pas intéressant à affronter.

Harry, c’est pour les petits

Malgré tout, du haut de nos vingt-trente et quelques années, il ne faut pas juger trop durement cet opus. Il est nécessaire de garder à l’esprit que le jeu a été créé comme un outil promotionnel à la vente du film et qu’il devait s’adresser aux plus jeunes joueurs de l’époque. En ce sens, le jeu est réussi. Il permet aux jeunes fans de s’éclater sans se prendre la tête après une dixième mort face à un passage compliqué. Le revers de la médaille est que, pour un adulte, le jeu n’offre aucun challenge, une replay value anecdotique (collectionner 27 cartes et faire des matchs de Quidditch à l’infini…) et se finit en trois petites heures.

Harry Potter à l’école des sorciers n’est pas un mauvais jeu. Il respecte son cahier des charges à la lettre. L’univers imaginé par J.K. Rowling est conforme à l’image du film et des livres. Il met en avant tous les éléments importants aux yeux des jeunes fans (sorts, Quidditch, cours de sorcellerie, personnages, etc).
Malheureusement, il ne fait rien de plus. Le jeu n’innove pas et reste techniquement très faible par rapport à certains jeux de l’époque. En somme, cet Harry Potter a plu et plaira surtout aux gros fans du sorcier à lunettes. Les autres ne trouveront pas trop désagréable les trois heures passées à Poudlard mais préféreront rapidement se tourner vers des jeux plus aboutis.

Informations techniques

Éditeur : Electronic Arts
Développeur : Argonaut Games
Date de sortie : 16 novembre 2001
Nombre de joueurs : 1 joueur
Style de jeu : Jeu d’aventure
Durée de vie : 3 heures
Côte au 19/12/2020 : Entre 5 et 10€ en complet selon état

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1 commentaire

André Courtial 30 mai 2022 - 10h55
Un jeu de mon enfance. À l'époque, il se sentait tellement plus grand qu'il ne l'est en réalité. Bien que je sois triste que la disposition de Poudlard ait complètement changé à chaque jeu, perdant le sentiment que c'était un peu réel
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